
Qui ne tente rien n’a rien (suite et fin)
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Je poursuis et complète le message d’hier suite aux commentaires et aux mails reçus ce matin. Je comprends et j’entends bien le désespoir et la déception de mes fans, des mes proches, amis, de ma famille quand un nouveau projet BD tombe à l’eau. Mon découragement, mon agacement et mon exaspération sont certainement bien plus profonds. Ça fait mal. J’en étais même à me demander si mon appart n’était pas construit sur les restes d’un ancien cimetière indien ou si je n’avais pas mis hors de lui un hypothétique dieu de l’illustration en me frottant à la BD…
Croyez-moi que c’est fort déstabilisant de voir s’écrouler ce qu’on est en train de construire, en spectateur. Surtout quand on y a mis toute la bonne volonté du monde, la patience et le professionnalisme requis. Je parlerai de deux écueils, Archipel et Le Peuple du Maïs. Le début d’aventure avec Jodorowsky ne compte pas pour moi comme un projet planté, c’était plus un «essai», à l’époque c’était un peu embrouillé, dans la précipitation, il y avait là une erreur de casting à mon avis, mon univers ne collant pas vraiment avec ce qui était demandé, ce n’était pas assez fusionnel.
De plus j’estime que quand un travail se casse la figure on en perd deux. Celui qui devait être fait et celui qui aurait pu être fait à la place. Et comme des éditeurs ne m’ont pas contacté ou recontacté pendant ces périodes parce qu’ils savaient que j’étais engagé dans une BD et comme, de mon côté, je n’en ai pas relancé, étant toujours dans l’attente de démarrer, ça fait mal aussi. J’ai d’ailleurs à plusieurs reprises refusé d’autres projets BD venant d’autres éditeurs pour être disponible à cent pour cent sur ceux en cours… No comment. Professionnellement et économiquement, c’est lourd et parfois douloureux à rattraper.
Il y a aussi un détail qui a son importance. J’ai toujours été contacté, que ce soit par un éditeur ou un scénariste. Je ne suis pas passé par la case je cherche un éditeur, je monte un dossier et je frappe à toutes les portes. Tant mieux et cela n’a en rien entaché ma détermination et ma passion mon monter les projets proposés, bien au contraire. De telles opportunités ne se refusent pas ! Mais avec le recul (et je me trompe peut-être) je me dis que ça a pu biaiser quelque peu le postulat de départ, peut-être que ça ne collait pas vraiment où que nous n’étions pas complètement sur la même ligne, qui sait… C’est pour cela que je parlais de «table rase» dans le sujet «La BD c’est fini». Même si ces échecs m’ont considérablement refroidi je ne souhaite pas en rester là-dessus. J’ai bien entendu toujours la flamme BD en moi et je pense pouvoir faire quelque chose d’original. Je veux simplement repartir de zéro, prendre mon temps, monter un ou plusieurs projets, creuser de nouvelles pistes, faire des expériences, en solo pour commencer. Pour vous épater !
Mais il va encore falloir s’armer de patience. Ces temps-ci je me recentre sur l’illustration, je réveille mon réseau, mes relations et j’explore de nouvelles facettes de ce métier pour rattraper le temps perdu. La BD ce n’est pas «mort», tout vient à point à qui sait attendre…
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