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Réponses

Ecrit dans technique, lu 6 908 fois avec 5 commentaires.
Marqué comme crayonnés, illustration, science-fiction, technique.
Ecrit le mardi 15 novembre 2005, publié il y a 17 années.

Je remarque – avec plaisir – que le dernier tuto a du succès ! Merci !
Plusieurs questions dans les commentaires auxquelles je vais tenter de répondre ici.

Tout d’abord Al me demande «tu restes très fidèle à ton encrage, comment est-ce que tu fais? Je veux dire, est-ce que tu reprends tous tes traits au pinceau fin ???»
Là c’est difficile de répondre et dans un premier temps je n’ai pas su quoi dire. Ce matin j’ai trouvé. En fait je n’ai pas une approche «BD classique» de mes illustrations (et cela n’a rien de péjoratif attention). Comment dire, je ne remplis pas des formes, ce n’est pas du pot de peinture dans Photoshop (je caricature). Mon encrage ou l’impression du crayonné n’est là que pour m’indiquer l’emplacement des différents éléments de mon image. Le crayonné est un simple support, une sorte de sous-couche. Un canevas que je recouvre entièrement. Et je ne me stresse jamais pour rester fidèle ou non à ce crayonné. Il se trouve que dans le cas de Spartacus ça colle assez bien mais ce n’est pas volontaire. Certainement parce que le crayonné était déjà très poussé, très «fini» et détaillé. J’ai une approche très peinture, je pense en matière de couleurs, formes, volumes, contrastes, plans, profondeur, etc. Je ne reprends jamais les traits au pinceau ou crayon. En revanche parfois je retends des formes, accentue des lignes, ce n’est pas tout à fait la même chose. Mais dans ma tête je ne suis pas en train de penser que je reproduis fidèlement mon crayonné. Hmm je ne sais pas si je suis clair…

Comme le dis Serge un peu plus tard, «Et il ne reste rien du dessin d’origine, n’est-ce pas un peu dur de continuer à peindre une partie dont le dessin a déjà disparu ?» Pas du tout. Et franchement j’aimerais me passer de crayonnés. Je réalise les crayonnés pour l’éditeur (les lois du marché). L’éditeur a besoin d’un crayonné pour s’assurer que l’illustration est bien dans le ton de ce qui est demandé, pour vérifier qu’elle entre bien dans la maquette. Mais maintenant, de plus en plus en souvent, on réalise les crayonnés pour les réunions de représentants qui montent les catalogues Fnac & co à partir de ces images. Moi ça m’inquiète un peu car j’ai l’impression qu’on se trompe de cible, je fais mes crayonnés pour les directeurs artistiques qui ont certainement plus la fibre artistique que commerciale, je ne fais pas du business mais de l’art (si je peux me permettre). Quand j’entends «ah le crayonné est vendeur c’est bien» ça m’exaspère et je m’en cogne, je préfèrerais entendre «ah ce crayonné fera rêver, il raconte ou suggère beaucoup de choses et aidera les enfants à développer leur imaginaire c’est bien» (ahah). Bon on joue sur les mots mais il y a là un vrai souci, à mon avis, et ce sera pour un autre débat. Donc, pour ma part, si je le pouvais je ferai un crayonné très très sommaire, rapide, simplement l’emplacement des formes, personnages, le décor. Et je travaillerais directement à la peinture. Mais si j’envoie un crayonné très basique à l’éditeur je m’expose à deux choses. L’éditeur risque de me demander de le pousser un peu plus parce qu’il ne comprend pas bien l’image et s’inquiète ou sinon il l’accepte, je réalise l’image en couleurs et là oh surprise on me dit, ah bon, ok, ça ne correspond pas à ce qu’on imaginait, vous pouvez recommencer ? Hum hum. C’est pour cette raison que je fais des crayonnés très poussés, pour blinder cette étape afin de ne pas avoir de soucis par la suite. Si cela ne tenait qu’à moi je m’en passerai volontiers et je me jetterai sur les pinceaux fissa, mon rêve, peindre à la Wyeth & co…

Serge me demande aussi «Il y a je ne sais quoi qui homogénéise l’ensemble, j’imagine que c’est un souci tout le long ?»
Le je ne sais quoi ce sont les lavis colorés que je passe de temps en temps. Justement pour homogénéiser l’image. Pour cette illustration, j’ai passé des lavis de Terre de sienne naturelle mélangé à du Jaune d’or. Même si j’ai expliqué l’ordre dans lequel j’ai réalisé l’image, j’ai une vision d’ensemble tout au long de la réalisation. Quand je travaille une zone de l’image je suis naturellement concentré dessus mais je pense surtout à son intégration dans l’illustration. Et ce n’est pas un souci, ça ne m’inquiète pas plus que ça, c’est plutôt amusant. Je m’inquiète plutôt de ce que va faire le regard du lecteur.

Ce qui rejoint une question de Sfrank «Le fait que le ciel soit bleu, est-ce pour faire contrepoint au rouge des boucliers ? Est-que tu n’aurais pas grisé ou jauni le ciel s’il n’y avait pas eu le rouge dans l’illustration ?»
Ce n’est pas tout à fait ça. Dans une illustration il est important de créer de la profondeur. Pour cela il y a plusieurs techniques, on peut dessiner détaillé sur flou comme une mise au point en photo par exemple, c’est ce que je fais ici pour mettre le gladiateur en valeur. On peut jouer avec des tons chauds sur des tons froids ou encore on peut superposer des complémentaires. Ce qui est aussi le cas ici. Mon but étant de faire ressortir au maximum le casque du gladiateur, j’ai mis du bleu en fond, autour, pour mettre les jaunes en avant. De plus pour rendre mes illustrations plus vivantes, je fais attention à toujours utiliser une tonalité dominante plus deux tons différents, donc trois «couleur» (et si possible pas plus ni moins). De cette manière l’illustration ne ressemble pas à un sapin de Noël ou ne semble pas trop «vide». Ici on a une gamme dominante de bruns/rouges/orangés, des jaunes et des bleus tirant sur le vert. Essayez de visualiser l’illustration sans une de ces couleurs. Par exemple si on enlève le bleu, l’image tire vers le monochrome… Un petit conseil à propos de la force d’une image et de son bon équilibre. Je crois que dans une illustration il faut un point noir et un point blanc. Une zone très très sombre et une zone la plus claire possible. Ceci pour l’équilibrer et développer la gamme entre ces deux tons extrêmes. Ce qui est aussi une manière de mettre en valeur un élément en particulier. Par exemple pour savoir si votre image est suffisamment contrastée et équilibrée, passez là en gris (dans Photoshop) et vous verrez tout de suite si elle fonctionne. Je trouve que mon Spartacus passe plutôt bien en gris ! Ça reste lisible et mon souhait de montrer en premier le casque marche tout aussi bien. Là ce n’est pas grâce aux complémentaires mais grâce aux contrastes car j’ai placé mes tons noirs et blancs les plus forts sur le casque. Un dernier petit truc pour vérifier si son image tient la route, mettez-la tête en bas, à l’envers et hop on voit immédiatement ce qui cloche.

sparta

Sfrank me demande aussi «En fait avais-tu déjà choisis les couleurs avant de commencer cette illustration ?»
Oui et c’est le cas la plupart du temps. Je déteste me lancer dans une mise en couleur sans savoir où je vais. Comme je le disais il y a bien sûr une bonne part de hasard et tout ceci évolue au long de la réalisation mais je visualise assez bien ce que je veux. Tout simplement parce que je cherche des kilomètres de docs et regarde quantité d’images auparavant. Là par exemple j’ai revu les passages de batailles des films Alexandre, Kingdom of Heaven ou encore Gladiator. J’ai cherché plein de documents sur les gladiateurs, les casques etc. Et plus je trouvais de références et plus l’image prenait forme en esprit.

Voilà, j’ai fait long mais j’essaie d’être le plus clair possible. Car ce n’est jamais évident de décrire et tenter d’expliquer ce qui se passe intérieurement, sa sensibilité, son fonctionnement. Demain je mets en ligne le tuto sur les réglages et modifications dans Photoshop en vue de l’impression…

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5 commentaires.

  1. sfrank, le mardi 15 novembre 2005 à 3 h 33 min, a écrit :

    Merci d’avoir pris la peine de répondre. Et c’est de la réponse qui tue !
    J’hallucine qu’un professionel prenne le temps de partager son savoir aussi simplement.
    C’est tout à fait le type d’information que j’aimerai avoir lorsque je découvre une illustration…..Il est médium le Vincent ou quoi ?
    Vincent For President !!!!

  2. Lounis, le mardi 15 novembre 2005 à 3 h 33 min, a écrit :

    Bonjour,
    je découvre votre travail et pour être à l’unisson des autres visiteurs, j’ai beaucoup aimé. Ce que j’ai le plus apprécié, hormis la qualité de votre travail, c’est le temps que vous prenez pour exposer votre méthode de travail et le temps que vous prenez à répondre aux gens qui vous sollicitent.

  3. Vo, le mardi 15 novembre 2005 à 3 h 34 min, a écrit :

    Meme si je n’ai pas pose de questions jusqu’ a present, je te remercie beaucoup de prendre le temps de partager ton travail et tes experiences a travers ce journal que je suis regulierement, de monter a notre intention tous ces beaux tutoriaux tres bien explique et riche en information, et de repondre a chacun de nous avec autant d’application. J’apprecie beaucoup tous tes efforts, et je trouve tres enrichissant de pouvoir suivre ton travail pas a pas, d’entrer un peu plus dans ton univers.

    Encore un grand merci, et je te souhaite une tres bonne journee.

  4. Al, le mardi 15 novembre 2005 à 3 h 34 min, a écrit :

    Comme pour les autres : merci beaucoup d’avoir pris le temps (sûrement long) de répondre. J’ai trouvé tes réponses très préçises et claires, merci encore 🙂
    Bonne journée.

  5. Adan, le mardi 15 novembre 2005 à 3 h 35 min, a écrit :

    Aux vues des commentaires précédents, je sais que ça va faire redite …. mais tant pis:
    Merci! Merci! Merci! … d’avoir fait preuve d’un si grand altruisme! Des perles tant pour les fans que pour les dessineux avares de conseils et de techniques!

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