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Petits pois

Ecrit dans Réflexions, lu 3 371 fois avec 9 commentaires.
Marqué comme illustration, science-fiction, starship troopers, warhammer.
Ecrit le vendredi 9 novembre 2007, publié il y a 15 années.

Suite à mon précédent message, Anders pose une question qui titille « …n’ya t’il pas un moment où, face aux agissements d’un éditeur, tu n’es pas tiraillé entre la passion et l’envie de bien faire et celle de faire du « sous-Vincent Dutrait » proportionnellement aux paiements proposés ? ». Ce fut le cas, quelques années en arrière, par manque de recul. Je regrette amèrement d’avoir pris cette pente-là et j’ai complètement changé d’opinion là-dessus. Maintenant, au lieu de ne penser qu’à l’éditeur et/ou qu’à moi-même, je pense en priorité aux lecteurs et, comment dire, au petit édifice que j’essaie de mettre en place au fil de mes illustrations, à mon travail dans son ensemble.
Ne bosser « que » pour l’argent, au jour le jour, ou se trainer des casseroles, ça n’a plus de sens. Faire du « sous-Vincent Dutrait » est parfois tentant. Que ce soit pour gagner des sous fissa ou pour me débarrasser d’un projet ne se déroulant pas comme convenu. Honnêtement, je suis loin d’être richissime et me permettre de refuser ou tirer un trait sur projet qui prendrait une mauvaise tournure m’est très très difficile. Je devrai batailler dur ensuite pour retrouver l’équilibre. Mais malgré tout, je préfère désormais faire ce choix. Refuser ou « quitter » ce genre d’aventure hasardeuse comme je l’ai fait précédemment pour Starship Troopers ou pour le Jeu de rôle Warhammer (mais si vraiment le projet vaut le coup et qu’en face on écoute, j’essaie d’imposer une formule différente pour retomber sur mes pattes, comme je l’expliquais ici, en seconde partie de message).
C’est pénible et démoralisant car prendre ce genre de décision est périlleux voire carrément dangereux, se fermer des portes, laisser passer d’éventuels succès commerciaux. Mais sur la longueur, je pense être gagnant. Je serai satisfait d’un travail dont je n’aurai jamais à rougir, un travail dont je serai fier sans amertume ni regrets qui prendra sa place sur mon petit bonhomme de chemin. Et surtout, les lecteurs auront de belles images sous les mirettes !
Je me rends bien compte que c’est utopique, conserver intacte une telle exigence de qualité et de respect du lecteur, ce serait trop beau et il faut vivre avec son temps. Mais je ne supporte plus de me voir sacrifier artistiquement mon travail pour des histoires de sous et enjeux financiers. Je tente de m’y tenir. Trop souvent dans la douleur… Et sus aux bâclages !
Je suis aussi bien d’accord avec Laure, illustratrice-libraire de talent sur qui on peut compter pour favoriser la qualité artistique plutôt que le business. Mais quand je suis passé à la Fnac deux fois en dix jours et qu’au deuxième passage, les bouquins présentés n’étaient majoritairement plus du tout les mêmes, ça m’a fait froid dans le dos. Ce n’est pas la faute au libraire qui essaie tant bien que mal de faire son travail mais plutôt celle de certains éditeurs et commerciaux, en amont. Je l’ai encore entendu cette année. J’exigeais plus de temps et de meilleures conditions pour pouvoir travailler comme il faut et livrer un travail de grande qualité. Ce fut refusé. On m’a expliqué très clairement qu’il y avait un marché à gagner, une place à prendre et que si ce n’est pas nous, ce sera un autre. Sans demander n’importe quoi et faire un gros caprice, cédant déjà beaucoup de terrain, je parlais toujours de création, qualité d’image, niveau de détails et on me répondait timing et enjeux commerciaux. J’ai aussi entendu que le livre en question risquait même d’être annulé s’il ne sortait pas dans les temps, alors qu’une grande partie du travail avait été effectuée. Brrr, j’ai préféré passer mon tour et céder ma place, à contrecœur. C’est là je crois que les optique divergent. Il y a ceux qui réalisent des livres pour les lecteurs et ceux qui vendent des boîtes de petits pois. Le mariage des deux semblent de moins en moins évident 😉


  • Oh capitaine, mon capitaine !
  • Les affaires sont les affaires
  • 3. Réalisation
  • A éviter suite et fin
  • Cinq ans en Corée, le best-of
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9 commentaires.

  1. Nils, le vendredi 9 novembre 2007 à 15 h 42 min, a écrit :

    C’est quand-même bon les petits pois.

  2. laure, le vendredi 9 novembre 2007 à 16 h 09 min, a écrit :

    Moi j’aime bien les princesses aux petits pois ! huum, un délice pour les papilles !!

  3. turin philippe-henri, le samedi 10 novembre 2007 à 6 h 35 min, a écrit :

    tourlou,
    tes commentaires sont judicieux et les problèmes bien posés malheureusement les réponses diffèrent suivant les illustrateurs et les auteurs. Il y a ceux qui vivent de ce travail et ceux qui ont un travail à côté pour les faire vivre. Et tout ceci fait constamment baisser les pourcentages et les avances. Quant à la surproduction, je suis tout à fait d’accord. Mais là encore, sans cette surproduction, qui dit que nous serions toi et moi dans le lot des dessinateur restant pour travailler. Rien. Pas même le talent au vu de beaucoup de livres horribles et nuls qui sortent. Et qui souvent se vendent extraordinairement bien.
    Au fait, heureux de voir que tu fais des dragons pour Daniel Maghen. j’en ai deux qui sortent dans le premier et doit en faire encore pour les autres. J’ignore si j’aurai le temps mais je vais essayer. C’est un superbe livre sur lequel je me suis retrouvé grâce à mon propre livre sur les dragons que j’ai mis deux ans à dessiner. Là encore, j’ai fais un choix. Deux ans sans être payé ou tout comme mais à l’arrivée un très très bon contrat avec un gros risque. Si le livre fait un bide, pas de sous. Mais si le livre se vend très bien, le jackpot, si je puis dire.
    Au fait, je suis un très ancien d’emile Cohl.
    Bien à toi et j’attends avec impatience d’autres nouvelles sur ton site et ton blog vraiment passionnant.

  4. turin, le samedi 10 novembre 2007 à 7 h 34 min, a écrit :

    suite,
    je m’aperçois que mon message précédent prête à confusion. Je ne dis pas qu’il faut faire ce que j’ai fait avec mon livre. Une grosse avance est préférable mais souvent s’accompagne de contraintes éditoriales normales. Ce que j’ai fait m’a permis d’être libre de faire et de choisir par moi-même chaque dessin, chaque mise en page… Mais la liberté de choix a un prix, souvent élevé. Voili voilou. Je souhaite une belle journé à ceux qui auront parcouru ces quelques lignes. Ici à Lyon il fait froid et humide. Et en Corée?
    Bien à toi.

  5. Goupil, le samedi 10 novembre 2007 à 13 h 56 min, a écrit :

    Ce sont des questions que je me pose souvent. Je commence à peine dans ce domaine et jusq’à présent je travaille avec des connaissances et avec des editeurs locaux. J’ai envie de commencer à démarcher les editeurs du pays (Suisse) mais j’ai peur de me retrouver dans une situation ou je suis obligée d’accepter des contrats pour payer mes factures. Pour l’instant j’ai un job à mi-temps, mais il y aura bien un moment ou il sera très dur de faire les deux choses correctement.

    En discutant avec des illustrateurs(trices) de Suisse qui sont parmi les grosses ventes ici. Je constate que plein d’éditeurs arnaquenet complètement leurs auteurs et illustrateurs, ce qui ne m’encourage guère, mais si on sait à l’avance qu’on va devoir ramer pour être payé ça permet de mettre les choses en perspective.

  6. Anders, le samedi 10 novembre 2007 à 16 h 19 min, a écrit :

    Vincent, merci pour ta réponse (et aussi pour les strips de Watterson qui sont extras!)
    ton respect du lecteur fait vraiment plaisir (et c’est un concept qu’il faudrait peut être apprendre aux commercia… aux éditeurs…), une vraie noblesse dont on ne peut que te féliciter.

    à force de lire tout ça, je me dis de plus en plus que l’avenir de l’illustrateur c’est donc la corde! lol

    c’est marrant, parce que les "décideurs" pensent le fait d’être édité comme un miroir aux alouettes, je veux dire "on te paye pas?! et alors! attend garçon, te rends tu compte du privilège d’une publication chez nous, ça vaut tout l’or du monde…", ce genre de phrases assassines…
    (des propositions pour me faire travailler à l’oeil, j’en reçoit souvent, étrange phénomène…)

    "si ce n’est pas nous, ce sera un autre." : j’ai été bien surpris de lire ça, je ne pensais pas que qu’on puisse te présenter la chose comme ça,
    sans flagornerie aucune , tu es Vincent Dutrait, une référence pour tous dans le métier, je veux dire difficile de faire égal ou mieux… alors qu’ils en arrivent à voir ça comme un rapport de force…

    il faut donc tristement en conclure qu’on ne travaillera de moins en moins pour des passionnés de l’objet livre…
    ceci dit, à être moins bien voire mal payé, entre travailler pour un gros cupide ou un petit passioné, je choisis le petit passioné!

    bref, courage! (et abnégation ^^)

  7. Granmocassin, le lundi 12 novembre 2007 à 10 h 06 min, a écrit :

    La tentation est grande d’essayer de coller à ce qui marche, de penser débouchés et business. Tes paroles font vraiment du bien à entendre. C’est important de ne pas se perdre soi même et on à tôt fait de bifurquer quand on oublie qu’au départ on a pris un crayon en main avec l’envie de faire quelque chose de beau.
    On est de plus en plus entourés par des raisonnements mercantiles, par la recherche de la facilité, l’esthétique du laid aussi.
    Comme le dit Turin, y a les bons et mauvais côtés du système. Le fait que tu marches avec cette éthique est aussi rassurant.

  8. Nils, le lundi 12 novembre 2007 à 10 h 13 min, a écrit :

    Je pense qu’en rajoutant une ou deux pin-up dénudées dans tes livres pour enfants ils devraient se vendre beaucoup mieux. Il ne faut pas négligfer l’attrait du nu artistique, de thèmes comme les trois grâces, la naissance d’Aphrodite, tout ça. Après tout ce sont les parents qui achètent ces livres.

  9. Vince, le dimanche 18 novembre 2007 à 10 h 36 min, a écrit :

    Effrayante réalité que celle de l’édition qui je l’éspère ne me dégoutera pas de faire à mon tour ce merveilleux métier de dessinateur

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