
Les Crayonnés
Depuis quelques temps, j’ai beaucoup évolué sur ma manière d’aborder les crayonnés. Auparavant, je les considérais comme des illustrations à part entière. Je les travaillais en valeurs, d’une pièce, d’un seul tenant, chiadés, pour faire de jolies images. Mais maintenant, je ne les vois plus – que – comme des canevas, uniquement des supports pour la couleur. Bon, tant mieux si le crayonné est sympa quand même mais un vilain crayonné ne me chagrine plus du tout.
Dorénavant je fais plus intervenir l’ordinateur comme outil de mise en page. Ci-dessous à la manière d’un mini-tutoriel, l’élaboration de mon dernier crayonné de couverture pour les éditions Paizo. Un crayonné pour une couverture d’une nouvelle gamme, dans le même esprit que celle-là (sans le gros logo étoilé). C’est-à-dire une illustration pleine page couvrant l’intégralité de la surface. Mais une illustration recouverte de deux bandeaux transparents recadrant la scène. Je dois représenter trois personnages de la série, un moine, une petite druide accompagné de son gros matou et une barbare découvrant une porte elfique noire au fond d’une sombre forêt de conifère. De cette porte vont débouler créatures et monstruosités d’un autre âge…
Comme je l’expliquais ici, j’ai une idée bien précise voire très précise de ce que je veux mettre en image, composition, cadrage, personnages (appuyée par une bonne recherche de docs). Maintenant, je commence par une petite mise en place rapide et cracra de ce que j’ai en tête pour délimiter les espaces. Mon idée est de tourner les personnages vers la porte avec un cheminement du regard en zigzag, le moine au premier-plan nous dirige vers la barbare qui, avec le matou, nous aiguille vers la druide qui nous fait plonger vers la porte et ses noirceurs. Je précise que, volontairement, j’ai choisi de ne pas montrer clairement les visages des personnages. Car cette couverture s’inscrit dans une série, les joueurs les connaissent certainement déjà et je préfère me focaliser sur le cœur de la scène, la porte, les faisant passer ainsi au second plan (au niveau du sens de l’image). En masquant un peu les visages, le lecteur ne s’attarde pas, ne se casse peut-être pas la tête pour s’identifier ou non et file directement vers le fond de l’image…
Puis je crayonne tous les éléments séparément, personnages, décors, certains détails. Ainsi il me sera plus facile de modifier ces différentes parties de l’image pour mieux les agencer, équilibrer l’image, réduire ou agrandir certaines zones, etc.
Pour finir, direction Photoshop et bidouillage intensif pour bien caler tout ça, au bon format, avec quelques ajouts de calques de branchages détourés trouvés dans mes docs… Il y a quelques petits trucs – sur le crayonné – qui coincent comme la petite druide qui peut sembler « posée » sur la main du moine ou sa serpe un peu trop proche du menton du moine mais c’est tout à fait le genre de détail qui se gère et s’arrange avec les couleurs grâce aux profondeurs, aux différences de teintes, couleurs, luminosité, etc. J’ai hâte de passer à la couleur !
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Bonjour,
En lisant votre article essentiel pour un illustrateur, vous indiquez que vous calez votre composition en passant par photoshop. Cela me fait d’autant plus plaisir à lire qu’instinctivement je procède de la même manière, ayant appris à pratiquer ainsi en agence. La question que je me pose est liée à l’étape suivante : comment reportez vous ensuite le crayonné ? Réalisez-vous un nouveau crayonné en passant par la table lumineuse ou faite vous une sortie imprimée sur laquelle vous réalisez ensuite la mise en couleur ? Sachant que vous travaillez avec des techniques traditionnelles cette question m’intéresse… Merci.
>J’ai hâte de passer à la couleur !<
Moi aussi, j’ai hâte que tu passes à la couleur !
J’ai adopté un peu les même procédés que toi. Cette méthode permet de se consacrer à chaque élément important l’un après l’autre, sans en plus devoir gérer la mise en page. Photoshop permettant d’ajuster le tout à la fin.
J’utilise beaucoup l’ordinateur quand je dessine. Je scanne, imprime, retouche, imprime à nouveau… Et Photoshop me permet de ‘sauvegarder’ les étapes intermédiaires au cas où…
P.S. C’est un sacré matou quand même !
Oui oui, cette illustration aussi va être superbe! Et d’ailleurs, malgré ce que tu dis sur le fait que tes crayonnés soient moins poussés, je les trouve tout de même bien détaillés, bien dynamiques.
Et dans mon cas comme dans le cas de beaucoup de monde j’ai l’impression, photoshop intervient pour la composition de l’image, de plus en plus. C’est effectivement très pratique de pouvoir jouer sur la taille des éléments, les plans, etc.
Tout est ici : http://www.vincentdutrait.com/.....u-support/
Et plus de détails en creusant un peu avec une petite recherche 😉
Pardonnez ce manque d’argumentation mais moi perso j’adore. La compo est trés efficace et donne effectivement encore plus envie de voir la colorisation.
salut vincent,
Pour la méthode, je salue ton 1er crayonné où tu places tes éléments, comme tu l’as dis ta méthode a un peu évolué après. Pour l’histoire de faire chaque élément de l’illu séparément et après les assembler dans photoshop, je trouve que ça pourrait te faire perdre un peu côté dextérité et spontanéité. En effet, j’espère que tu vas conserver ta capacité à faire un dessin global, le travailler globalement et ne pas remettre entre les mains de ton ordi la composition de l’illu.
En tout cas bravo pour tout ce que tu fais
Bonjour,
J’aime beaucoup ton illustration et on ne voit pas que c’est fait en partie grâce au PC. Mais est-ce que parallèlement tu fais aussi des illustrations où tu fais tout toi-même pour conserver la capacité à mettre en page du premier coup ?
J’avoue que je suis un peu déçu par le fait que les arbres sont copiés-collés d’un truc tout fait. Swal avait fait la même chose sur une illustration mise sur son blog et c’est très beau, mais est-ce satisfaisant pour vous ? C’est vrai que pour gagner du temps face aux éditeurs, vous n’avez peut-être pas vraiment le choix…
En tout cas j’adore les personnages et j’ai hâte de voir les résultat final.
J’ai du mal m’exprimer… Photoshop n’est là QUE pour monter l’image, uniquement dans le but d’agencer les différentes parties. Parties que j’ai déjà réfléchies et composées auparavant. Comment dire, ce n’est pas pour remplacer une phase de dessin mais simplement permettre plus de souplesse et par exemple remplacer une phase qui se faisait à la photocopieuse il y a quelques années en arrière.
Comme je l’ai écrit plusieurs fois, je sais bien ce que j’ai en tête et Photoshop ou non, ça ne change rien au contenu ni à l’exécution du crayonné. Je ferai rigoureusement le même crayonné avec ou sans Photoshop (d’où le sentiment de ne pas sentir l’ordinateur derrière). Il y a deux phases, une de réfléxion qui englobe la compo et la mise en page et une autre de dessin pur et dur. Photoshop n’intervient là-dedans qu’au tout tout dernier moment de la réalisation du crayonné finalement.
Et avec Photoshop, je gagne en souplesse et en facilité. Si par exemple l’éditeur me demande de retoucher un personnage ou un élément de l’image, ce sera là beaucoup plus facile à réaliser. Ca n’a rien à voir avec la capacité ou la dextérité de réaliser un crayonné d’un seul tenant. C’est simplement un autre moyen (peut-être plus adapté maintenant) d’arriver au même résultat. L’ordinateur est un outil comme un autre (table lumineuse, photocopieuse) et c’est encore moi qui le manipule.
Si demain un commanditaire veut un beau crayonné qui ne sera pas mis en couleurs, là je le travaillerai à fond, dans les moindres recoins, d’un seul tenant certainement.
Et pour les arbres, il ne s’agit là « que » d’un crayonné. Il n’est pas question de coller des silhouettes d’arbres toutes faites à la mise en couleur, ouhla ! Le crayonné est là à titre indicatif du genre « regardez ça va être plus ou moins comme ça ». Je colle ces arbres uniquement pour donner l’idée de branchages. Et comme je l’écrivais plus haut, maintenant, pour moi, le crayonné n’est plus qu’un support pour la mise en couleurs. Cela ne servirait pas à grand chose de chiader des silhouettes d’arbres, faire tout un travail en valeurs et en détails si ensuite je recouvre le tout de peinture… 😉
J’aime beaucoup vos crayonnés, on voit bien que vous êtes super à l’aise avec le dessin ! J’espère atteindre votre niveau d’aisance pour le dessin !
Allez hop j’attends la couleur ^^ !
bien vu, tu arrives a t’ adapter au marché de plus en plus ciblé vers le numerique, qui propose des retouches plus facilement que le tradi.
par contre, petite question: est ce qu’avec cette technique, de bosser chaque element séparement, tu ne risque pas parfois de te retrouver avec des éléments qui ne sont pas dans la bonne perspective, vu que tu travailles en plus essentiellement sur des “scenes”?(c’est pas des images composites type star wars quoi, )
Merci pour la générosité de nous faire partager ta méthode de travail, tes démarches de réflexions, …etc. C’est fort appréciable sur un blog… Et je suis toujours aussi “fan” de ton trait et de ses variations…
P.S. (qui n’engage que moi) : je trouve que le chauve à droite à un “raccourcis” de bras un peu bizarre (son bras gauche)…
J.
Yep keul, je vois bien ce que tu veux dire et ton commentaire me fait réaliser que j’ai oublié d’indiquer un truc. Comment dire, je dessine les éléments séparément mais avant de travailler chaque partie dans le détail, je les ajuste entre elles (justement) avec un petit coup de table lumineuse ou directos par transparence sur une lumière. Et puis il m’arrive aussi de retoucher un peu deux trois trucs comme la tête de la barbare qui pointait trop vers le sol, j’ai fait une nouvelle version sur un bout de papier à part pour la coller ensuite via Photoshop. En tous cas, je respire mieux ainsi en repensant à mes débuts ou sans photocopieuse à proximité ni scanner, je devais parfois TOUT redessiner entièrement si un truc clochait… Brrr…
Et une petite préicion, travailler de cette manière ME permet des retouches et bidouilles plus faciles,, pour moi, en interne. Mais ça ne veut pas dire que désormais je suis prêt à retoucher tout et n’importe quoi sur demande (d’un éditeur par exemple, héhé). Comme je l’écrivais, c’est juste l’outil qui change un peu, derrière, le fond et ma mentalité n’ont pas changé 😉
Tu pourrais pas me faire une illustration originale vite fait en échangeant juste la tête de la panthère avec celle du moine ? Un petit coup de photoshop, et hop ! T’imagines les thunes que tu pourrais te faire en vendant tes illustrations comme ça ? Le gain en productivité !
Un peu comme Picasso quand il a réalisé que plutôt de se casser le cul, il suffisait de dessiner des cubes.
merci vincent d’avoir répondu aux remarques, c’est vrai que ça doit être plus confortable de travailler comme ça. truc qui a pas grand chose a voir mais bien pour ceux qui auraient pas vu, http://www.sketchtravel.com, un carnet de dessin qui est passé entre plusieurs artistes in the world.
a bientôt
Toujours les mêmes problèmes d’affichage sur Internet Explorer 6 : les rubriques en haut passent sur fond gris quand je vais dessus. C’est pas seulement au boulot, mais aussi sur un portable.
Change d’ordis, mets à jour ton Internet Explorer (et un IE pas bridé ou bricolé) et passe sur un autre navigateur digne de ce nom.
Moi je disais ça pour toi, parce que tu semblais vouloir que ça marche sur toutes les machines. Après ça ne me gène pas plus que ça. Mais je l’ai constaté sur au moins deux PC, c’est tout.
Je voulais dire que ça marche sur toutes les machines A JOUR. Héhé, j’aurais du préciser 😉