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Démarches

Ecrit dans Réflexions, lu 3 024 fois avec 5 commentaires.
Marqué comme éditeurs et éditions, illustration, séoul et la corée, science-fiction.
Ecrit le lundi 28 avril 2008, publié il y a 14 années.

Ce weekend, Goupil, en commentaire, a eu la bonne idée d’écrire ceci : « Combien de temps passez-vous à chercher des contrats ? Surtout au début ça représente énormément d’heures souvent pour rien, et c’est cela de perdu pour la productivité. Est-ce que ça vaudrait une entrée de blog ? »
En effet, cela mérite amplement une entrée…
Il y a dix ans, quand j’ai mis les pieds dans l’illustration, n’étant pas sur Paris, je ne pouvais pas facilement rencontrer et démarcher les éditeurs directement. Editeurs souvent repérés via de longues heures de prospection dans les librairies pour se projeter dans telle ou telle collection, ou conseillés par des amis illustrateurs ou encore découverts via des catalogues et annuaires de salons. J’envoyais donc des dossiers de photocopies de mes illustrations. Ensuite, si une dizaine de jours plus tard, je n’avais pas de réponse (positive ou négative), je passais un coup de fil pour m’assurer que le dossier était bien arrivé et s’il était possible d’avoir un petit retour, des conseils, commentaires ou suggestions. Petit à petit, cela m’a permis de mieux cibler mes envois. Deux à trois fois par an, je prenais une bonne dizaine de rendez-vous et me rendais sur Paris pour présenter mon travail. Bien entendu, j’ai eu mon lot de politesses et portes dans les dents, mais au fil du temps, je pense m’être fait remarquer et connaître. Ces démarches aussi soutenues par une présence sur les salons, du livre à Paris en mars, jeunesse à Montreuil en décembre, Bologne en Italie au printemps…

Une remarque par rapport à la question de Goupil, ce n’est jamais pour rien. Ça prend beaucoup de temps, c’est souvent difficile voire laborieux mais ça fait partie du jeu et ce n’est jamais pour rien, je répète. Tout simplement parce qu’une majorité d’éditeurs conserve les dossiers envoyés, sous le coude, pour une future occasion ou nouvelle rencontre. Il m’est souvent arrivé d’être contacté des années (je dis bien des années) après avoir envoyé des dossiers ici ou là. Ce n’est pas du temps pris sur la réalisation d’illustrations mais du temps pris pour se préparer un avenir, monter un carnet de contact, se faire voir, connaître, remarquer.
Et surtout, il faut persévérer. Ce n’est pas parce qu’un éditeur vous dit non aujourd’hui, que ce sera la même chose demain. Au début, il m’est arrivé de rencontrer des éditeurs dans leurs bureaux, se disant intéressés mais rien de concret et puis, plus tard, sur un salon ou ailleurs, on se rencontre à nouveau, ils se souviennent peut-être de mon travail, de moi ou d’une image et là, ah oui, une nouvelle collection va pointer son nez ou je ne sais quelle perspective et nous allons pouvoir collaborer.
Il faut aussi savoir se rendre disponible. A mes débuts, je résidais à Lyon. Un matin, Pierre Marchand, directeur d’Hachette jeunesse à l’époque, me téléphone. Il souhaitait me rencontrer rapidement, peut-être du travail. Il me dit qu’il voit sur mon dossier que je suis sur Lyon et me demande quand je pourrais venir à Paris ? Je réponds du tacotac que je peux être dans son bureau le jour même, dans l’après-midi. A l’époque, je ramais, les débuts toujours difficiles mais j’ai cassé ma tirelire pour me payer l’aller-retour à Paris dans la journée. Je pouvais difficilement me le permettre financièrement mais il faut battre le fer quand il est chaud. Le rendez-vous a duré une petite vingtaine de minutes et je suis rentré chez moi, le soir, avec de très bonnes pistes qui allaient se transformer en contrats conséquents dans les semaines suivantes. Comment dire, je perdais une journée de boulot, prenant ainsi du retard sur mes projets en cours, question sous j’étais limite, mais ce que ça m’a apporté ensuite en valait largement l’effort…

Aujourd’hui, je démarche toujours. Moins intensivement, mes illustrations et publications travaillant pour moi. Mais deux fois par an ou en pointillé, au fil des news, des annonces et bruits de couloir dans l’édition, je contacte de nouveaux éditeurs ou me rappelle au bon souvenir d’autres. Je fonctionne uniquement par emails, invitant ces contacts à visiter ma galerie. J’ai remarqué que la plupart du temps, je travaille beaucoup au printemps pour les ouvrages à paraître à l’automne pour les fêtes de fin d’année et plutôt à l’automne pour les publications du printemps. Donc j’envoie des messages à la fin de l’été et à la fin de l’hiver.

Même si maintenant les commandes tombent régulièrement, j’entretiens ces démarches pour de nouvelles collaborations, peut-être découvrir de nouveaux univers et me tenir dans le flot. Aussi, et surtout, car on n’est jamais à l’abri d’une peau de banane. Il m’est arrivé une ou deux fois de m’endormir sur mes petits lauriers, me disant que ça va, tout va bien, le téléphone sonne tout seul mais quelques temps plus tard, un projet capotant par exemple, je me suis retrouvé le nez dans l’eau, en rade, sans boulot. Ca peut faire des dégâts et j’ai amèrement regretté de ne pas m’être bougé les fesses en maintenant le contact. Pour tout vous dire, cela m’est encore arrivé dernièrement, en début d’année. Même avec l’expérience douloureuse de situations difficiles auparavant et prévenu, je me suis retrouvé à tirer la langue à cause de fâcheuses coïncidences et un planning mal agencé, un projet qui ne se concrétise pas et un ou deux autres prenant du retard en même temps. Trop confiant, j’ai manqué de prudence à l’automne dernier, au début de l’hiver et je n’avais pas relancé la machine, persuadé d’être débordé dans les semaines à venir… Si je l’avais fait, comme à mon habitude, j’aurais peut-être eu d’autres pistes et projets qui m’auraient permis d’éviter ces tracas. Aïe, ce n’est jamais facile de redresser la barre dans ces cas-là et j’ai passé quelques semaines périlleuses… Et puis je me dis que si, finalement, toutes les pistes se concrétisent et que tout tombe en même temps, et bien tant mieux, je ne me plaindrai pas, bien au contraire, les nuits seront courtes, il faudra mettre les pinceaux double mais au moins, je conserverai la tête hors de l’eau. Dans à peine plus d’un mois, je reviens en France après cinq années en Corée à communiquer essentiellement via emails interposés. Ce retour va me permettre de reprendre un peu le book sous le bras et démarcher les éditeurs français en chair et en os, disons « comme avant ». Les emails, c’est bien pratique, mais ça ne remplacera jamais une vraie rencontre.

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5 commentaires.

  1. Swal, le lundi 28 avril 2008 à 15 h 31 min, a écrit :

    “Tout simplement parce qu’une majorité d’éditeurs conserve les dossiers envoyés, sous le coude, pour une future occasion ou nouvelle rencontre.”

    Sur 7 dossiers envoyés à certains éditeurs jeunesse, 6 me sont revenus par la Poste avec une petite lettre me disant que cela ne correspondait pas à leur ligne éditoriale… Donc, une grande majorité ne conserve pas les dossiers des illustrateurs ou alors, j’ai vraiment pas eu de chance… Et pourtant, c’était de beaux dossiers, avec une belle impression, une belle mise en page.

    =)

  2. Nils, le lundi 28 avril 2008 à 15 h 37 min, a écrit :

    ” Les emails, c’est bien pratique, mais ça ne remplacera jamais une vraie rencontre.”

    Ca va pas faire de la pub à Meetic, ça.

  3. Thomas, le lundi 28 avril 2008 à 17 h 03 min, a écrit :

    Joli témoignage. En tout cas, même les artistes chevronnés comme toi ne sont pas à l’abri de coups durs. Je m’en aperçois moi aussi dans mon activité de graphiste freelance, les repos sur les lauriers, ça ne doit jamais exister. On peut être sûr qu’on le paye systématiquement plus tard.

  4. Rémy, le lundi 28 avril 2008 à 21 h 47 min, a écrit :

    lol, bien commenté, Nils !

  5. Goupil, le mardi 29 avril 2008 à 16 h 49 min, a écrit :

    Merci beaucoup pour cette réponse élaborée, c’est fort instructif.
    Dans n’importe quel domaine les boulots ne tombent jamais juste sur une offre spontanée. Je n’ai jamais eu que des boulots découlant de contact directs. Mais en effet se faire connaître est essentiel, je vais y travailler demain au salon du livre de Genève 🙂

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