
Oldies but goodies ?
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Pour le coup, voilà un début de réflexion à chaud, quelques questionnements qui n’ont pas encore bien mûri dans ma petite tête. A propos du travail d’infographie et de sa pérennité (j’avais un peu amorcé ceci, en 2006, Numérique or not numérique et Mon ami le numérique). Comment commencer…
Quand je regarde mon travail d’illustration, avec mon acrylique, mes pinceaux et mes crayons, j’ai le sentiment que dans dix ans, dans quinze ans, sur le plan matériel, ce sera peut-être voire certainement identique. C’est-à-dire que je travaillerai toujours avec mes pinceaux et ma peinture. Il suffit de jeter un œil en arrière pour constater que le matériel a évolué dans sa forme, peinture à l’huile, acrylique ou gouache, papiers , toiles, pinceaux naturels ou synthétiques. Son utilisation se perpétue mais il n’y a pas eu d’incroyables bouleversements dans tout ça. Disons que les illustrateurs dits « traditionnels » d’aujourd’hui (ceux avec la peinture qui tâche sans Crtl+z) travaillent sensiblement de la même manière que les illustrateurs bossant un siècle en arrière.
Là où je veux en venir, c’est que, même si le matériel et ses techniques changent, les travaux réalisés par les anciens, ceux d’il y a un siècle en arrière, ne vieillissent pas. Ces images restent d’actualité et ne se périment pas avec l’âge. Ce n’est pas le cas pour toutes bien évidemment et on peut y trouver un petit côté old style, mais la plupart tiennent encore bien la route. Certaines aussi se bonifient avec le temps et on finit par les étudier aujourd’hui pour aller de l’avant.
J’ai lu dernièrement une rétrospective de l’outil informatique et le journaliste disait ceci en forçant le trait. En 1979, en matière d’infographie, c’était le néant. En 1989, du nouveau mais encore du très très limité, un nombre de couleurs restreint, peu d’outils et logiciels. En 1999, la révolution est là, l’infographie bien présente, Photoshop assure, c’est enfin accessible et efficace, un véritable Eldorado, la 3d débarque, de nouveaux horizons, de vraies tablettes graphiques, Internet pour de bon, etc. En 2009, finalement, à bien regarder, il n’y pas eu de nouveau big bang, pas de véritable bouleversement comparable au bond spectaculaire réalisé dans les années 90. On a gagné en confort, en surface et en qualité pour les écrans, les machines et les outils sont plus rapides, plus performants mais dans les grandes lignes, ce qui était déjà présent en 1999 n’a fait qu’évoluer, s’adapter (la différence est énorme sur la forme mais sur le fond…). En tout cas, rien de comparable à ce qui s’est produit entre 1989 et 1999, l’exploit n’a pas été réitéré.
Je poursuis. J’ai lu aussi une interview de Peter Jackson qui expliquait qu’il souhaitait pouvoir mettre à jour les effets spéciaux de son Seigneur des Anneaux tous les dix, quinze ans, pour lui assurer une plus longue vie. Un peu à la manière d’un Lucas et son StarWars upgradé dernièrement. C’est-à-dire qu’il y aurait dans l’outil infographie une forme d’usure avec le temps. La technologie avance si vite qu’une création pourrait se périmer ? Je pense à la quantité hallucinante de films qui fonctionnent aujourd’hui mais qui, techniquement, seront à la ramasse très vite. On sait que certains aux effets spéciaux dits « traditionnels » tiennent plutôt bien le coup comme La planète des Singes, 2001, Blade Runner, etc. Mais que va-t-il advenir de ceux bardés de numérique ? Atteindront-ils le statut de films culte dans vingt, trente ou cinquante ans ?
En parcourant les librairies, en voyant toutes ces couvertures de bouquin, tous ces albums bd traitées via l’outil infographique, en constatant le nombre d’auteurs, d’artistes se ruant sur ce nouvel outil, j’ai eu un vertige. Et si tous ces travaux étaient amenés à « disparaître » à cause de l’outil employé ? Et si toutes ces belles images étaient « dépassées » dans dix ans ? Dans le sens « ah oui on voit bien que c’est cette antiquité de Photoshop CS4 qui fut utilisée alors qu’aujourd’hui on photovirtualise directement sur son plan-écran avec Virtualshop Reload, etc ». Je ne sais pas si le parallèle avec le cinéma fonctionne mais ce serait à mes yeux gravissime pour les auteurs. Ne pas pouvoir assurer longévité et endurance à son travail. Quand je pense que, récemment, j’ai dû batailler sévère pour pouvoir lire les petites animations que j’ai réalisé à Emile Cohl pendant ma formation et stockées sur disquette il y a moins de quinze ans, ça fait froid dans le dos…
J’en reviens à mes moutons. Mon travail, d’une certaine manière, va se périmer, je le sais. Je souhaite, et espère, pouvoir toujours aller de l’avant et faire de mieux en mieux. Me dépasser. J’imagine que ce que je créerai dans dix ans sera plus abouti que ce je fais aujourd’hui. Mon travail actuel vieillira à cause d’une technique moins maîtrisée, d’une vision différente des choses, de ma propre évolution. Mais il ne vieillira pas à cause de mes pinceaux ou de mon acrylique.
Quand on met côte à côte une illustration de jeunesse de Wyeth et une autre réalisée en plein épanouissement, on sent évidemment des évolutions et des changements mais l’outil reste le même et on ne se pose même pas la question du matériel… Il me semble que c’est vraiment différent avec le numérique. Vous voyez ce que je veux dire ? Est-ce qu’on étudiera plus tard ce qui est crée aujourd’hui ? Je pense que cela dépasse le débat de la forme et du fond, c’est ce nouvel outil en constante évolution qui change la donne et brouille les cartes, non ? Est-ce que les réalisations toutes pixelisées en 320×240 d’un artistite pour un jeu Atari en 1989 sont encore représentatives de son travail ? Quel impact cela peut avoir sur un univers, une carrière, une œuvre ?
J’aurais tendance à rester très prudent avec une technique dont on ne maîtrise pas l’évolution matérielle, technique qui n’a certainement pas encore atteint son rythme de croisière. Le point positif de tout ça, c’est qu’en regardant ces vingt dernières années, le lot de bonnes surprises et de formidables avancées fait rêver et donne de l’espoir. Le côté découverte d’un nouveau monde et d’un nouveau moyen d’expression est fascinant, éblouissant et mine de rien, je rejoins là mes deux précédentes réflexions fleuve sur la pérennité du travail d’illustrateur et sur les blogs des jeunes auteurs. Je me dis que finalement le numérique n’est pas tout à fait un outil comme un autre. Car il est encore tout frais si on jette un coup d’œil en arrière. Mais si je bossais ainsi, je crois que je ne supporterai pas de me dire que tiens, je fais ça aujourd’hui sur Photoshop, c’est génial mais ce sera archaïque dans vingt ans car l’outil, le matériel que j’ai sous le coude et dont je ne contrôle pas l’évolution, sera dépassé. Je caricature mais c’est l’idée. Qu’en pensez-vous ?
« SunWuKong, Roi des Singes |
| Textures et support »
Je ne sais pas si j’irai aussi loin que toi dans cette réflexion…
Pour moi il y a deux catégories d’illustrations numériques.
Celles qui tirent avantage des effets de mode et celles qui se concentrent sur l’image.
A partir du moment ou l’on repère que telle brosse Photoshop a été utilisée (ou tel effet spécial de Painter) alors l’image rate son but, car le contenant dérobe l’attention du contenu.
Par contre, aujourd’hui, avec Painter notamment, on peut très bien ne pas savoir qu’il s’agit de numérique. L’image peut ressembler à de l’huile, de l’acrylique, gouache, aquarelle, etc.
Je ne vois donc pas pourquoi de telles images vieilliraient moins bien que tes illustrations traditionnelles.
Ce que tu peux voir sur des bédés ou des couvertures “modernes”, ce sont des travaux effectués rapidement, mal payés et effectivement “éphémères”, dans le sens ou ces images ne sont crées que pour suivre une tendance. J’associe cela à des travaux de commande industriels.
On en revient un peu à la “colorisation” du début de l’impression de bandes dessinées des années 50/60. Les outils d’aujourd’hui permettent un résultat un peu plus artistique qu’à l’époque mais le principe reste le même. Il ne s’agit pas vraiment d’artisanat d’art, mais plutôt d’un travail comme un autre. (je grossis un peu le trait).
A côté de cela, certains artistes travaillent moins mais réalisent de “véritables” oeuvres, tels que le faisaient Wyeth et consorts. Après, peu importe les outils…
Concernant les films, j’aurai tendance à croire qu’une fois que les techniques utilisées seront transparentes à l’image, elles ne pourront plus vieillir…
Je suis très loin d’être convaincu. Car à ce jour je n’ai encore jamais vu ça… C’est justement là que ça coince, c’est de l’imitation. A mon avis ceux qui peuvent tenir dans le numérique c’est ceux qui l’abordent vraiment comme du neuf, quelque chose de radicalement nouveau, pas comme quelque chose de palliatif.
Dans un message à ce sujet, je me disais que l’imitation c’est comme un pianiste qui passe du piano classique au synthé. En revanche un pianiste qui passe du piano à la guitare ou à la trompette, à un instrument radicalement différent, là oui ça peut tenir et ça rejoint ma réflexion. Il continue à faire de la musique mais avec une approche et un outil très différent. Mais avec un outil dont on connaît déjà très bien le fonctionnement, un instrument qu’on n’a pas inventé il y a peu. Il y a une nuance.
Ce qu’on ne peut pas vraiment calquer sur le numérique. Etant donné qu’on ne sait pas comment sera l’outil dans dix, vingt ans, qu’est-ce qui nous dit qu’on ne reconnaîtra pas un « vieux » boulot numérique au premier coup d’œil ? Aujourd’hui on utilise des brosses dans Photoshop. Je me dis qu’à l’avenir, peut-être qu’on utilisera autre chose et qu’à ce moment-là, on dira peut-être « oh regarde ce truc de looser, il utilisait des brosses ! ». Et ce même si l’image fonctionne et tient la route. J’exagère mais c’est un peu ce que j’ai en tête… C’est pour ça que je pense que ça va peut-être plus loin que la forme et le fond car l’outil même qui remet tout en question.
Je n’ai pas d’avis sur l’aspect numérique que je connais mal mais (sans vouloir faire le rabat-joie) le problème que tu poses est âprement débattu dans les milieu artistique traditionnel à propos de l’huile et de l’acrylique.
Car l’exemple que tu prends des artistes du siècle dernier ne peut s’appliquer à l’acrylique qui n’existait pas… Leurs oeuvres qui se sont bonifiées sont soit de l’huile, soit de la gouache, soit de l’aquarelle et pour le cas de la gouache il y a une sacré différence entre la leur et le notre.
Ces points peuvent paraître dérisoire mais le débat faisait déjà rage à la fin des années1800 début 1900 entre les peintres utilisant les méthodes de peintures traditionnelles à l’huile et les impressionnistes par exemples accusés de mal peindre (du point de vue technique) en ne respectant pas par exemple la règle de gras sur maigre. Résultat, visible dans n’importe quel musée, ce sont les toiles les plus vieilles qui se sont le mieux conservées et les plus proches de nous en sont parfois à leur 3 ou 4 ème restaurations!
Deux choses sont à l’origine de ce constat, la manière de peindre et les matériaux utilisés; pour la manière c’est par exemple le respect des temps de séchage de l’huile, et pour les matériaux, depuis l’apparition du tube les peintres ont arrêté de fabriquer leur propre peinture en laissant se soin aux nouveaux marchands de couleurs qui utilisèrent des charges et/ou des produits contrefaits pour accroitre leurs marges…
Les oeuvres les plus récentes se sont donc moins bien conservées que les plus anciennes il n’y a qu’à voir un vermer à coté d’un Picasso…
Par extension, beaucoup accuse l’acrylique disant : “On ne sait pas comment elle vieillira dans un siècle puisqu’elle a à peine 50 ans et qu’elle est vraiment utilisée dans les beaux arts depuis les années 70-80…”
Effectivement, on ne sait pas comment elle va vieillir, de même pour le papier dont la recette à bien changée…
Tout artiste à du souci à se faire pour la pérennité de ses oeuvres et se doit, à la lumière de ses ainés de tout mettre en oeuvre pour qu’elles arrivent au siècle suivant en bon état de fraîcheur.
Bon je ne veux pas te stresser mais juste continuer ta réflexion avec la mienne qui me force à me documenter pour fabriquer moi-même ma peinture, celle qui a déjà traversée plusieurs siècles sans trop d’encombre…
Quand je lis que les supports numériques ont au mieux 15 ans de durée de vie, comme pour les dvd, c’est très inquiétant, surtout si dans 15 ans le dvd n’existe plus comme pour la disquette aujourd’hui…
C’est un problème (la conservation des oeuvres) dont peut de peintres se soucient ce que je trouve bien dommage; c’est pour cela que je réagis en te lisant :”Mon travail actuel vieillira à cause d’une technique moins maîtrisée, d’une vision différente des choses, de ma propre évolution. Mais il ne vieillira pas à cause de mes pinceaux ou de mon acrylique.”
Si dans 15 ans les rouges sont devenus rosâtres ou les jaunes blanc cassé, ce serra bien la faute de ton acrylique. Je te conseille un test simple, sur ta feuille habituelle tu peins des échantillons de teintes en notant la marque de la peinture et la date, cache la moitié de tes échantillons avec une feuille opaque noire, accroche le tout à un mur exposé au soleil et régulièrement soulève la partie opaque pour voire si la teinte a bougé… Pour certaines tu verras que tu n’as pas besoin d’attendre des années…
Bon j’arrête de faire mon vieux chnok …
C’est très intéressant et je vais faire le pointilleux. Ce n’est pas tout à fait ça il me semble. Ce que tu expliques très bien, chapeau, c’est l’aspect conservation de deux matériaux qu’on utilise finalement un peu de la même manière. C’est, en gros, une matière (huile, acrylique) appliquée avec des outils (pinceaux, couteaux, je ne sais quoi) sur un support (papier, bois, toile). Il y a bon nombre de points communs.
A mon avis, avec le numérique d’aujourd’hui, c’est très différent. On travaille de manière « virtuelle » sur écran, avec une souris, au mieux une tablette. C’est pas tout à fait la même chose. Et ce qui pointe à l’horizon, écran tactile, pinceaux numériques, etc, va dans ce sens.
Avec la fusée numérique, tout s’accélère. On fait des bonds beaucoup plus rapidement que pour une technique dite traditionnelle.
L’acrylique peut s’altérer au fil des ans mais je pense que là aussi, de gros progrès on été faits. L’acrylique d’aujourd’hui n’est pas la même que celle des années 70. En tout cas, sur mes illustrations réalisées il y a une quinzaine d’années, rien à signaler. Le paradoxe, car j’ai conscience qu’il y a un risque que mes images changent (mais je doute que je le constate de mon vivant), c’est que je fais des scans haute définition des illustrations pour les conserver et les stocker telles quelles sont au moment de leur réalisation. Amusant, non ? 😆
Là tu joues au non-initié… Il suffit de regarder les livres de Ballistic publishing, notamment les “Exposé”
(http://www.ballisticpublishing.com/).
Je comprends ce que tu veux dire en parlant d’imitation. Mais j’ai un avis différent sur la question.
Le logiciel essaye de réagir comme s’il s’agissait de peinture traditionnelle, mais pas l’artiste. Lui se contente de transposer son savoir faire traditionnel en numérique à l’aide d’une palette graphique.
Tu disais toi-même dans un billet que tu t’étais essayé une fois à la palette graphique et que le résultat était toujours du Vincent Dutrait. Il s’agirait simplement d’un outil, tout dépendant de la façon dont l’artiste l’utilise. Ceci est mon avis personnel, j’ai conscience que ce sujet fait débat et que plusieurs aspects peuvent être abordés sous des angles différents selon les affinités de chacun…
La conservation des œuvres est une question épineuse effectivement… Pour rajouter à l’exemple de tes animations d’étude, j’avais un professeur, à l’époque, qui déplorais de ne pas pouvoir récupérer des photographies numérisées et stockées sur des vieilles disquettes 5″1/2…
Quand à moi, j’ai pu récupérer mes propres animations d’Emile Cohl, que j’ai transféré depuis 8 ans maintenant en fonction de mes nouveaux ordinateurs, disques durs voire clefs USB. Maintenant il faudra toujours avoir un logiciel capable de les lire dans 10 ans, ou alors faire des conversions dans les nouveaux format au fur et à mesure…
Ce qu’il faut prendre en compte aussi c’est le but de tes travaux. Les peintres faisaient des œuvres d’art, destinées à orner les mur des appartements royaux (en gros…). Ton travail s’apparenterait plutôt à de l’artisanat d’art, destiné à être reproduit en X exemplaires. L’original pouvant être considéré comme une sorte de Master. (Je dis ceci sans aucunement vouloir dénigrer ton travail pour lequel j’ai un grand respect)
Effectivement, j’avais saisi l’aspect numérique mais ne m’y connaissant pas je rebondissais surtout sur le fait que même avec les techniques traditionnelles le problème reste entier, quant au numérique seule la sanction du temps nous “mettra d’accord”.
Pour l’acrylique, il se peut qu’il n’y ait pas trop à s’en faire effectivement mais il est vrai que comme pour le numérique nous manquons de recul.
L’aspect qui te chiffonnes aussi (si j’ai bien compris), c’est que les effets graphiques étant nouveaux sont aujourd’hui “tape à l’oeil” et risquent de devenir totalement désuet d’ici une dizaine d’années.
Personnellement je pense qu’ils vont mal vieillir pour la plus part j’en suis convaincu et je commence déjà à le remarquer; je te donne pour exemple les réalisations de l’ami Maester qui sont évidement excellentes là n’est pas le propos, (j’ai appris à dessiner dans ses BD) mais il s’est récemment mis à la colorisation sur photoshop, vois comme les teintes paraissent ternes et comme dans le dessin du dessous colorié à l’aquarelle comme les couleurs chantent à un point où tu pourrais ne regarder que cette partie. J’en veux pour exemple ces images ici et là. Bon il est vrai que Maester est novice dans l’utilisation de photoshop mais à mes yeux le numérique me fais bien moins d’effets que le traditionnel et je lui trouve un aspect dépassé. Pourtant Maester est un artiste qui maîtrise la couleur mais lorsqu’il se sert de l’outil informatique comme fin je trouve que ça perd en efficacité.
Et je comprends qu’il faille reprendre les effets tous les 15 ans… Chose qui n’arrive pas avec la profondeur d’un glacis ou le grain de la toile… Pour le moment le numérique n’est pas à la hauteur, et je pense que tu soulèves un point crucial, il doit trouver sa voie et non plagier l’huile ou l’acrylique…
C’est un médium qui doit évoluer à coté de la peinture comme la fait la photographie.
Pour en revenir à tes acryliques qui n’ont pas bougé, sont elles à la lumière ou à l’abri de celle-ci? Toi qui connait Lyon je peux te donner un exemple, c’est les murs peints de la cité de la création, ces murs sont peints à l’acrylique et ce à 99%; l’info est sûre puisque je la tiens de la directrice artistique en personne et bien vois comme les teintes bougent d’ailleurs certaines ont été repeintes comme le mur des Canuts.
Evidemment sur un mur et sur un papier bien au chaud les conséquences sont différentes mais voilà bien la preuve que l’acrylique se dégrade et plus vite que l’huile puisque des murs peints à l’huile on en voit encore aujourd’hui peint au siècle dernier (mur publicitaire, par exemple).
En tous les cas à la différence de certains qui tirent à bout portant sur l’acrylique au profit de l’huile je suis plus mesuré mais je pense que le recul est faible pour l’acrylique.
Je te donne encore un exemple, ton bleu que tu utilises tu ne sais rien de lui, ni comment il a été fabriqué et il est donc difficile de prévoir comment il va vieillir, on ne sait pas comment la résine acrylique va réagir ni le pigment de synthèse bleu. Dans la méthode traditionnel de l’huile, le bleu vient du pierre précieuse appelé lapis lazuli qui est écrasé en poudre impalpable, mélangée à de l’huile de lin ou de noix cuite à la litharge cette poudre donne la peinture bleue à l’huile et on sait comment elle vieillie puisqu’elle a été largement utilisée par Vermer par exemple et en 500 ans elle n’a pas bougé puisque lorsqu’en 2009 on la fabrique de cette façon on obtient la même teinte ! Renversant non?
J’ai une question aussi en ce qui concerne ta dernière phrase, si un jour tu constates une différence entre tes scans et tes illustrations qui te dit que ce n’est pas tes scans qui auront bougé… Tu devrais essayer de cacher la moitié d’une de tes illustrations…
Serge, je connais bien les livres « Exposé » et non je ne suis toujours pas convaincu, mais vraiment pas du tout… C’est précisément ce qui me gêne. Je trouve que le numérique est une véritable révolution, de profonds et lourds changements. Et ce dans les moindres détails, un exemple parmi tant d’autres (la liste est longue) moi j’achète mon matos dans une papeterie et un infographiste ira plutôt chez un assembleur. Un exemple risible mais, mine de rien, le numérique change les habitudes, les schémas de pensée. Je m’emballe un peu peut-être mais je trouve que c’est quasiment physique, culturel et social. C’est très loin d’être la simple évolution d’un outil, d’une technique qui existe déjà.
Et je pense que s’attaquer au numérique dans cette optique, comme une adaptation du « traditionnel », c’est peut-être passer à côté de quelque chose de formidable. Je me trompe peut-être mais face à de tels chamboulements, on devrait prendre un peu plus temps pour s’en rendre compte et tout mettre à plat, se remettre en question. Je me dis que quelque part, la facilité c’est de s’y mettre en considérant le numérique comme un moyen de substitution du « traditionnel ». J’ai du mal à trouver une bonne comparaison, peut-être le passage de la communication téléphonique à la communication via Internet (email, tchat, vidéoconférence & co) qui a complètement transformé le monde ?
Je crois que c’est pour ça que, même si j’ai le matériel adéquat et tout ce qu’il faut, je suis paralysé devant la tablette graphique. Cet outil offre de telles possibilités et une nouvelle approche que je ne voudrais pas me cantonner à faire du Vincent Dutrait. Ca n’aurait aucun sens, aucun intérêt. C’est encore plus complexe et difficile que si je passais de l’acrylique à l’huile, j’ai le sentiment que ça n’a rien à voir. Je voudrais pouvoir faire abstraction de ce que j’ai en tête pour aborder ce nouvel outil avec un œil neuf. Mais par quel bout commencer ?
Tout est à faire, tout est à inventer et tout est possible. C’est pour ça que j’admire passionnément les Sparth, Mullins & co (et ils sont rares) car ils creusent et creusent encore, expérimentent, prennent des initiatives, torturent la bête pour faire avancer le schmilblik. Ca prend du temps, beaucoup d’énergie et de passion mais au bout du compte, quelque chose de vraiment nouveau et d’inédit émerge. Ce n’est ni du traditionnel transposé, ni du Photoshop basique, on découvre de nouveaux univers, de nouveaux style. Un sacré défi à relever.
P. S. :
Christophe, nos messages se croisent, se complètement et se répondent, écrits en même temps apparemment et merci pour ces précisions.
Un détail peut être insignifiant mais il y a aussi des personnes qui se débrouille assez bien avec un crayon mais complément incompétent au pinceau (ce qui est mon cas, si encore je savais pourquoi) … La mise en couleur est un art tellement complexe que le numérique peut être (pour certain) une solution de rechange…
Mais à part ce petit détail, je suis complètement d’accord avec tes idées, 🙂
Pour ce qui est de la conservation de mes originaux, chaque image est stockée dans une enveloppe grand format bien à elle, bien protégée. Je n’en ai qu’une ou deux au mur chez moi…
Pour répondre à Wido, en fait, j’en suis même à me demander si, dans Photoshop pour ne citer que lui, prendre une brosse pour dessiner (et même une faite maison) c’est bien la bonne solution… L’outil Photoshop lui-même nous facilite (dangereusement) la vie en nous poussant à reproduire les méthodes et schémas classiques. Finalement on tend toujours vers une forme d’imitation du traditionnel alors qu’on pourrait faire absolument « n’importe quoi » et ce qu’on veut. On pourrait avoir des approches de dessin et de mise en couleurs totalement abstraites ou en volumes, sensitives ou complètement barrées ! Mais je n’ose imaginer le cheminement pour en arriver là…
“Finalement on tend toujours vers une forme d’imitation du traditionnel”
Quel que soit l’outil, l’acte de création s’appuie toujours sur les connaissances et le savoir-faire acquis tout au long de l’histoire (du moins le devrait-il), quand bien même c’est pour les battre en brêche. Un travail numérique n’échappe donc pas nécessairement aux règles de la composition et requiert la même maîtrise des gammes chromatiques et des lumières, par exemple, que pour un travail classique. Je manque peut-être d’audace, mais je pense que faire dans le complètement barré, ce que permet effectivement l’informatique, soit justement le meilleur moyen de créer quelque chose de très daté, notamment techniquement.
Je travaille en numérique, en amateur, depuis plusieurs années et je le vois vraiment comme un outil parmi d’autres, avec ses caractéristiques propres. Il me permet de créer des images que je ne pourais réaliser par aucun autre moyen, tout comme sont différents des travaux réalisés à l’aquarelle, au pastel ou à l’acrylique.
Ce qui me semble manquer le plus au numérique est l’inéxistence d’un original de l’oeuvre…
Je ne dis pas le contraire mais ce n’est pas tout à fait ça. Bien entendu il faut s’appuyer sur un savoir mais c’est dans la pratique que je pense qu’on pourrait aller plus loin. J’ai le sentiment qu’on vient d’inventer la voiture qui vole mais on continue à l’utiliser pour acheter une baguette de pain en bas de la rue alors qu’on pourrait faire le tour du monde voire aller sur la Lune avec en la bidouillant un peu 😉
Dans les exemples de révolution, il y a l’imprimerie.
Les premiers caractères imitaient les écritures manuscrites, avant que l’on comprenne toute l’étendue de cette invention, et que l’on commence à penser différemment. Je te comprends donc tout à fait quand tu dis que l’on reste cantonné à ce que l’on pourrait faire en traditionnel.
Nous manquons sans doute encore de recul sur ce “medium”.
Dans mon esprit, l’ordinateur reste tout de même un simple outil, d’automatisation, de confort.
Dans ce sens, ceux qui veulent l’utiliser pour faire de l'”Art” ont surtout des résultats expérimentaux…
Mais tu ne fais pas de l'”Art”, tu fais de l’illustration. Le but du jeu est d’avoir l’image la plus proche possible de ce que tu as en tête, peut importe le moyen.
Évidemment Sparth est un vrai génie dans l’utilisation des outils d’infographie. Ce qu’il produit est visuellement du numérique, et il n’aurait pas pu le faire en traditionnel. Il s’est approprié l’outil et a créé ses techniques, sa propre vision. Dans ce sens, mis à part d’un point de vu conservation, ses œuvres ne peuvent pas vieillir. C’est du Sparth, tout comme tes acryliques sont du Vincent Dutrait, et comme mes gribouillis sont du Serge. Sparth aurait sans doute un peut de mal à passer à l’acrylique, il serait obligé de revoir sa technique, mais par contre je suis persuadé qu’il parviendrait à garder sa vision de l’illustration, qu’il l’adapterait. Si Vincent Dutrait devait passer au numérique alors l’outil lui permettrait soit de faire du Vincent Dutrait que l’on connait déjà, soit de s’approprier l’outil et d’en faire autre chose. Mais ta vision de l’espace, des couleurs et de la composition seraient sans doute encore présente.
Ce long laïus m’a permis de rassembler un peu mes idées et de comprendre ce que tu voulais dire.
Pourtant l’image de la voiture volante est parlante mais j’ai le cerveau lent. 😀
Le sujet demande effectivement une grande réflexion. Il faudrait beaucoup expérimenter et consacrer du temps à l’outil afin d’en découvrir le fonctionnement complet, puis le détourner…
Si jamais dans tes interrogations sur ce sujet tu venais à discuter avec Sparth, je serais très intéressé d’en avoir un petit compte-rendu…
Je me demande si aujourd’hui, actuellement, ce n’est pas du côté du graphisme que l’on peut découvrir du numérique novateur, parfois expérimental mais qui tienne la route. Quand je vois certaines pubs ou certaines interfaces web, des travaux sur les typos, je me dis que les graphistes ont peut-être su mieux s’approprier l’outil que les illustrateurs et en tirer ainsi le meilleur pour se renouveler et aller de l’avant… Je suis resté sans voix devant certaines images plutôt austères et difficile d’accès et je me dis qu’elles sont peut-être un peu en avance sur leur époque. Hors des sentiers battus.
Le problème n’est pas tant la méthode utilisée ( numérique ou tradi ) mais le “support” pour en assurer sa conservation. J’avais déjà réfléchi à ce sujet il y a une dizaine d’années et pour illustrer cette réflexion fait un dessin présentant un mec qui se ballade dans un musée dédiée aux oeuvres numériques, et chaque “tableau” était…une disquette. Je veux dire par là, comme le dit si bien Vincent avec son exemple d’anim: est que dans 20 ans nous serons encore capable de “lire” et donc de voir les oeuvres numériques que nous créons aujourd’hui? Le problème me semble là. Car si effectivement, dans 20 ans on arrivera plus à lire ces images, elles seront perdues à jamais est seront bien ce qu’elles sont aujourd’hui: virtuelles…
Bien sûr on peut les imprimer avant mais leur espérance de vie n’excéderons pas 100 ans et les “repique” ou clonage ne feront, au fil du temps, qu’une pâle copie de ce que fût en son temps l’original.
Après, faut savoir vivre avec son temps aussi et surtout savoir la “destination” de ce qu’on crée. C’est sûr que si on veut un truc qui dure, le tradi me semble approprié. Maintenant l’infographiste qui peint un truc juste pour bouffer et le faire publier dans un journal par exemple, se fout royalement de la pérénité de son oeuvre, puisque ladite oeuvre se résume simplement à un gagne pain.
Mais dans tous les cas, numérique ou pas, rien n’est éternel. Tout est voué à disparaître, tôt ou tard, donc…
Pour répondre à Manu; deux choses me gênent, la première “il faut savoir vivre avec son temps”; vivre avec son temps n’est pas un argument pour ne pas essayer d’élever une pratique, ce n’est pas parce que nous sommes dans une époque du “jetable” qu’il faut rester sans réagir et accepter cette situation on peut vivre dans son temps en prenant note de nos erreurs et en les corrigeant à la lumière des anciens.
Ensuite, je comprends bien qu’un boulot alimentaire n’est pas destiné à rester dans le temps mais là encore je ne suis pas tout à fait d’accord dans le sens où une production artistique ou même artisanale se doit d’être pérenne en premier par respect pour celui qui l’achète et qui pourra se transmettre aux héritiers ensuite par souci d’étude au prochaines générations, rien ne nous dit qu’aucun d’entre nous ici serra un grand artiste dans les siècles prochains mais nous tous pouvons avoir un intérêt certains, montrer qu’à l’époque de l’informatique certains l’ont choisi d’autres ont continué la veine traditionnelle. Ne sommes nous pas émerveillé d’observer une poterie datant de plusieurs siècles? Elle est pourtant quelconque et les dessins qui l’ornent plus que bancals, mais elles sont dans un musée… Elles ont un intérêt historique, de même que ton dessin de disquette accrochées dans un musée à un intérêt sociologique aujourd’hui qui sera historique plus tard si, et seulement s’il est visible dans 100 ans…
Rien n’est éternel sur terre mais rien ne nous empêche de faire durer nos productions autant que possible, qui aurait dit il y a 15 ans que des planches de BD se venderaient en galerie? C’est bien la preuve que des petits dessins pour amuser les gamins sont devenues des oeuvres majeures de notre siècle.
Regarde les collectionneurs de plaques émaillées ou de packagings des années 1950, si ce n’est pas des “trucs justes pour bouffer” (sans jeu de mots) alors qu’est ce que c’était ? Pourtant aujourd’hui elles ont pris une dimension artistique même si elle reste minime.
Je sais que cet aspect est souvent dénigré par beaucoup d’artistes aujourd’hui et je trouve ça dommage merci Vincent d’avoir ouvert cette réflexion.
Et puisqu’il est aussi question de la transposition d’un outil à l’autre, je trouve que Jason Seiler à très bien réussi le passage de l’huile à la palette graphique, c’est un des rares où je trouve que ça tient la route.
Cela fait très longtemps que je suis ton blog Vincent et c’est la première fois que je prend le temps de poster. Au passage, félicitation pour ton site qui est excessivement intéressant car tu aimes faire partager ta passion et ton métier d’illustrateur, qui a été la mienne dans une autre vie, depuis je suis rentré dans la peau d’un graphiste free-lance.
Je ne parlerais donc pas de mon expérience trop courte et du rapport entre le numérique et le “traditionnel”… Bref, je fais une brève apparition…
Donc ma réponse se dirige vers un artiste auteur de BD nommé Denis Bajram qui est à mon sens un auteur contemporain qui à su utiliser l’art numérique (Photoshop pour ne pas le nommer) avec un talent certains et révolutionner sa pratique. En lisant ses œuvres on a du mal à croire que c’est entièrement du numérique (encrage noir, mise en couleur etc.). La série s’appelle Universal War One au éditions SOleil. Jète un coup d’œil en librairie pour te rendre compte directement et regarde sur internet la petite vidéo sur sa technique. C’est juste pour ajouter une donnée supplémentaire au débat, je repasserais… 🙂
Non mais c’est sur que si tu donne le nom d’un des dessinateurs le plus habile avec une tablette graphique… 😀
Il est ce qu’il est aujourd’hui grâce aussi à son approche du numérique car il a toujours gardé un esprit de base assez traditionnel puisque selon ses dires il colorise ses planches comme s’il les peignait… Il n’y a qu’a le voir faire, c’est tout simplement étonnant lorsque tu le vois bosser sur photoshop…
Je connais bien le travail de Bajram et j’aime beaucoup car la technique, l’outil et la technicité sont toujours au service de l’histoire et des personnages. Je pense que cette série tiendra le coup car elle a la stature d’un « classique ».
Je viens de revoir quelque uns de ses interviews et il fait bien ce que tu conseil à propos du numérique (si j’ai bien compris ton analyse) puisque quand tu l’entend parler de photoshop, il dit mot pour mot que pour lui ce n’est pas un simple logiciel mais un environnement de travail même de développement presque un systeme d’exploitation de l’image ( bon… bien sur chaque illustrateur a sa façon de travailler mais c’est exactement ce que tu disais: il faut repousser les frontières du numérique)…
Mais c’est flagrant qu’il a longtemps bosser sur papier avant de se mettre au numérique (ce qui n’est pas le cas de tout le monde) >>
“J’ai commencé comme tout les auteurs avec les couleurs manuel avec le dessin mais évidemment on s’en met partout. Qu’on arrête avec les couleurs ou l’encrage on a les main noir et je crois que c’est les 5, 6 premières années quand j’avais fini, j’allais me lavé les mains et c’est un jour ma femme qui m’a dit tu sais t’as pas de peinture sur les mains, c’est à dire que j’avais ce rapport charnel sur les mains, ce rapport vivant avec une matière comme si j’étais sur du papier. Y a beaucoup de gens qui me disent mais t’as pas perdu le papier et je fais non, non c’est de la peinture c’est la même chose c’est juste un peu virtualisé mais finalement c’est la même chose pour la tête, l’œil la main”…
“Pour moi l’effet le plus important de photoshop c’est que le pinceau marche très bien parce que je fais tout manuellement car je combat le numérique qui a tendance à être froid ce qui est parfaitement adapter à la typographie mais qui est pour l’illustration ou le dessin trop ordonné”
Kwoa?! absent quatre jours et je dois lire pratiquement un roman sur ton blog?! mais tellement intéressant!
J’ai longtemps partagé vos impréssions ( à tous ) sur l’approche des différentes techniques!
Il y a dix ans , devant le passage obligé par le scanner, gravage, impréssion, j’ai volontairement fait sauter l’étape de la peinture pour tout faire sous photoshop-wacom, si cette technique a des avantages avec des clients un peu exigeants, voir pire, ne sachant pas ce qu’ils veulent, la tablette permet les retouches , changement d’ambiance……………mais le problème c’est que j’étais devenu un “fonctionnaire” de l’image, j’attribuais a l’age ou l’habitude cette passion du début qui s’était étiolée!…..
Jusqu’au jour ou une période de disette proféssionnelle m’a amené a reprendre les pinceaux pour une expo de tableaux! et là, le choc! la passion etait là, elle n’attendait qu’a se reveiller !
Sous Photoshop, je conceptualise, je peins avec mon cerveau, je passe un temps fou a créer mes propres outils pour me rapprocher de la “vraie” peinture.
En reprenant la peinture, j’ai réalisé, que je peins aussi avec le ventre, tout mon corps est en eveil!, je me lève pour regarder de loin le tableau, je prend un plaisir fou a gerer mes couleurs, mes mélanges, les effets de transparences, les effets de matière, tout est plus évident, plus fluide, et surtout beaucoup plus charnel!
Même mon entourage est plus ému par une peinture que par une sortie imprimante.
Et non negligeable, pour un illustrateur confirmé ou pas, le fait de pouvoir vendre ses originaux représente quelque fois une source de revenus!
Au final j’alterne entre les deux techniques en fonction des commandes, pour des dessin très petits a la sortie impréssion , du type illustration animalière , je choisis le numérique!
Pour des commandes du type heroic fantaisy, illustrations pour enfants je retourne à la gouache ou a l’acrylique !
Follenn.
La sensation face à un original, que ce soit une illustration ou une peinture, est unique et inimitable. Il y a vraiment un quelque chose de puissant et d’indescriptible. Et ce, je trouve, qu’on aime ou non ce qui est en face de nous.
La dernière fois que je suis passé à la galerie Maghen, en jetant un œil au stock, je suis tombé sur des images de Sanjulian, celles-là : http://www.danielmaghen.com/fr.....d852_2.htm
Surtout : http://www.danielmaghen.com/fr.....p31437.htm
Et : http://www.danielmaghen.com/fr.....p31437.htm
(Comme d’hab, les scans et le passage sur écran aplatit tout et la patate des couleurs fout le camp)
Quel choc, que ce soit les crayonnés ou les peintures, ça m’a scié et j’ai eu le sentiment d’en apprendre plus en cinq minutes devant ces images qu’en des heures de lecture de bouquins ou artbooks… A un point que j’ai failli casser ma tirelire. La classe.
-Comme tu me fais plaisir de citer Sanjulian!
Un des premiers Artbook acheté quand j’étais étudiant! ( Période 1970-1984 chez Glenat )rien que du bonheur!
J’ai rarement vu des crayonnés préparatoires aussi aboutis ! le lien entre les peintres classiques et les illustrateurs modernes!.
Je reviens régulierement vers ce bouquin ! quelle chance tu as d’avoir pu voir un original ! il faut vraiment que j’aille un jour a la galerie Maghen !
follenn
1. Mais je suis entièrement d’accord avec toi, mais comme le dit follenn, c’est aujourd’hui ( malheureusement ) un “passage obligé”. Perso je m’éclate plus en traditionnel qu’en numérique. Le problème étant que pour des tas de raisons ( financières, de publications, de temps, de rentabilité, etc…) le numérique est exigé…et rarement contournable. Ce n’est donc pas tant les artistes qui délaissent leurs pinceaux par plaisir que des obligations bassement matérielles qui les obligent à opter le plus souvent pour le numérique ( d’où ma réflexion sur “faut bien vivre avec son temps” ) au risque de crever de faim et de ne pouvoir en aucun cas, en tradi ou en numérique, avoir le temps d’évoluer dans leur art.
2. Je l’ai pensé longtemps. Aujourd’hui je nen suis plus convaincu du tout. Tous les grands artistes ( peintres, musiciens, etc…) ont tous réalisés des oeuvres mineures ponctuelles pour des besoins précis. Cela ne me semble pas incompatible avec le besoin et le désir de créer des oeuvres pérennes en fonction de leur “destination”.De plus, il est inéluctable que le plus modeste gribouilli au chef d’oeuvre le plus absolu disparaitra avec le temps. Donc finalement ( j’exagère un peu mais sur le fond c’est vrai ) on travaille tous dans le vent.
3. Dans ce cas, les commandidataires devraient arreter d’imposer la production d’oeuvres par des procédés ( comme le numérique ) qui ne garantissent pas leur pérénité dans le temps.
4. Certes, mais c’est un combat perdu d’avance.
PS/ c’est d’ailleurs cette réflexion sur la pérennité illusoire des oeuvres que je me suis faite depuis longtemps qui m’a fait prendre un brutal tournant dans ma vie d’artiste.
De créatif je suis passé de plus en plus à l’état de “contemplatif”. J’en suis donc arrivé aujourd’hui à reprendre les pinceaux par pure obligations alimentaires ou comme éxutoire, mais finalement avec de moins en moins d’envie sachant que tout mon travail se perdra dans les abimes du temps. Cela c’est donc manifesté par une brutale inactivité alors que j’étais plutot hyper créatif. Beaucoup de gens de mon entourage ne comprennent pas cette décision. Mes ennemis jouent là dessus en disant que c’est un “abandon” parce que je n’ai pas réussi à “percer” alors que ce n’est qu’à moitié vrai. J’étais en pleine phase d’ascension quand j’ai décidé de réduire à 80% mon activité.
Aujourd’hui ( avec une petite frustration à l’occasion ) je préfére regarder les créations de mes confrères qui ont le courage de continuer une bataille contre le temps et la betise des hommes* dont l’issue est connue d’avance.
* Une guerre ou un régime dictarioal ( sans parler des incendies, etc… ) peut “supprimer” toute les oeuvres d’un auteur. Le travail d’une vie peut donc etre réduit à néant très facilement.
Manu, il y a un proverbe arabe qui dit : “Travaille comme s’il te reste 1000 ans à vivre et prie comme si c’était ton dernier jour.” Je trouve que ça montre une certaine sagesse; je ne me fais pas d’illusion mon travail ne sera pas admiré dans 100 ans mais rien ne m’empêche de faire de mon mieux pour qu’il le soit par amour du métier bien fait. De même que mes peintures pourraient brûler mon appartement aussi, ce qui ne m’empêche pas de payer le loyer; c’est à nous de chercher l’excellence (même si on n’y arrive pas), pas aux commanditaires qui eux sont souvent des “commerciaux” et ils font leur boulot en tant que tel, à nous de faire le notre en tant que tel.
Vois Lascaux ou les pyramides, leurs productions sont pérennes même si elles ne sont pas éternelles…
C’est tout à fait Christophe, je le concède. Malheureusement nous sommes dans une époque où tout va si vite, où l’on ne parle que d’argent, profit, rentabilité, etc…qu’il devient complexe de créer des oeuvres qui soient belles et pérennes en meme temps. J’ai l’impression aujourd’hui qu’un artiste est condamné à 2 chemins:
. Il rentre dans le “moule”, et devient un produit de consommation sans se soucier trop de son art et de la pérennité de ses oeuvres.
– Soit il reste “authentique”, prend le temps de créer de façon intrinsèque ses oeuvres, de les laisser mûrir, bref, d’etre lui meme et de prendre son temps sans se soucier des contraintes actuelles et des effets de mode. Mais qui peut encore se le permettre?
Et autre gros problème collatéral: les gens savent ils encore apprécier l’art et la création? Comme je l’ai dit plus haut, l’art n’a plus le statut qu’il avait auparavent, il est aujourd’hui un “produit” comme les autres, désacralisé à mort. Alors, oui, j’admire les artistes qui ont encore le courage de se battre pour montrer que l’Art n’est pas mort mais pour ma part, j’ai de plus en plus de mal à me motiver quand à chaque création, on ne me parle que de profit, célébrité, argent, etc…Bref, des “valeurs” bien matérielles, bien loin des valeurs que l’art essaye de transcender. Je suis terriblement déçu par cela et bien sûr, explique pourquoi j’aime de moins en moins créer sachant qu’on ne cherchera pas la substantifique moelle de mon travail mais simplement l’interet qu’il peut engendrer. ( argent, célébrité, etc…). Bref, un chemin qui n’est pas le mien mais en meme temps, la réalité me rappelle que je dois manger aussi et c’est terrible pour un artiste de se dire que son art ne sert plus à servir, à partager, à être heureux de contribuer à quelque chose de beau mais juste à manger. ❓