
Trucs et astuces
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On me pose souvent la même question via email interposé à propos de bricoles pour mieux gérer une image. J’ai certainement déjà répondu sur le blog mais comme c’est un peu éparpillé ici ou là, je vais synthétiser tout ça aujourd’hui. Ce sont de petits trucs à faire au moment des crayonnés puis en cours de réalisation et une fois l’image presque aboutie. Afin de s’assurer qu’elle fonctionne, qu’elle tienne la route.
Pour commencer, il faut prendre du recul. Regarder son image de loin. Surtout quand il s’agit d’une couverture de bouquin que l’on va croiser très vite sur les gondoles des librairies. Je pense qu’il faut qu’une image soit assez contrastée et efficace pour qu’elle soit compréhensible et lisible à un mètre de distance, deux, puis trois. Et plus on se rapproche d’elle, plus on entre dans l’univers dépeint et on découvre de nouvelles choses, un arrière-plan, un environnement, des détails. C’est-à-dire qu’à distance, on saisit le cœur de l’image et l’œil est attiré, intéressé, puis plus on s’en rapproche et plus on la comprend et on repère ce qui complète le sujet principal et l’enrichit.
Ensuite, il faut un peu torturer son image. Lui faire passer l’épreuve du miroir. Avec une image inversée, notre œil en a une perception différente, comme si c’était l’image d’un autre. Les défauts, disproportions et erreurs de dessin, s’affichent, sur un visage cela peut-être flagrant par exemple. On peut aussi la retourner, c’est un peu le même principe et notre œil ne s’attarde plus sur la narration, il n’est plus captivé pas le sens de l’image, mais par ses couleurs, les différents éléments, les zones travaillées ou ébauchées, les équilibres et déséquilibres, le mouvement de l’image, etc. Un bon moyen pour vérifier si ce qu’on a voulu faire est bien passé. Si l’image supporte un miroir, je pense qu’on peut souffler un peu. Un détail étonnant, il arrive parfois que l’image fonctionne mieux inversée, il m’est arrivée de conserver et de travailler des images ainsi. Comme la scène ci-dessous. Au départ, l’homme-hyène se trouvait à gauche de l’image et finalement, en faisant un miroir, je me suis aperçu que c’était plus dynamique s’il se trouvait à droite et son assaillant à gauche.
Je passe toujours mes images en noir et blanc sur la fin. Là aussi, on peut constater immédiatement si une image est lisible ou non, suffisamment contrastée et équilibrée, si les lumières sont bien là où on souhaitait les poser, si l’image a une bonne profondeur, si les blancs circulent bien, si les zones d’ombres ne sont pas trop bouchées, si l’œil est bien attiré par notre sujet, etc.
Et bien entendu, ne pas oublier de partager son image avec son entourage. On fait le tri dans les critiques, commentaires et suggestions, pour en tirer quelque chose de significatif et constructif. Pour ma part, je ne termine et n’envoie jamais une illustration à un éditeur avant de l’avoir montré à mon épouse. Ma première lectrice, sans concession aucune, héhé. Je montre aussi mes images à ma fille mais là ce n’est pas toujours évident de s’accaparer objectivement ce qui en ressort. Tout ce que réalise son papa est formidable mais dernièrement, elle m’a reproché qu’on ne voyait pas les yeux des personnages. Curieux et intéressant…
J’oublie certainement d’autres bidouilles pour construire au mieux une image mais je me dis qu’avec celles-ci, on peut déjà éviter le pire et tendre vers le meilleur. Et l’outil informatique est idéal pour ce genre de tests.
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Très intéressante l’image miroir qui donne l’impression que c’est le travail de quelqu’un d’autre.
C’est bluffant, la manière dont le cerveau fonctionne.
J’avais un professeur, à l’époque (un certain V. Dutrait…), qui disait aussi qu’il était important de laisser “reposer” l’image quelques jours. De la mettre à un endroit devant lequel on passait de temps en temps.
Cela permet d’avoir un œil neuf. J’imagine que ce n’est pas tout le temps possible, en fonction des délais imposés…
Cette personne éclairée avait dû lire ce message de 2005 où je détaillais ce repos salvateur :
http://www.vincentdutrait.com/...../disciple/
Et malheureusement, en effet, c’est difficile à concilier avec les plannings parfois tendus.
Nan, il m’avait dit ça en 2001/2002
Espèce de copieur ! 😛
😮 😮 😯 😯
Enfoiiiiiiiirrrréééééééé de Serge !!!!! 😛 😀 😀 😀 (mais c’est pas juste des choses pareil, espèce de sacré veinard, snif 😥 )
J’aurai du en fait vendre mon corps afin de rassembler la somme d’entrée à Emile Coh (bon ok même en essayant je pense pas que j’aurai jamais pu trouver autant d’argent, ARF!! 😀 )…
edit: Réflexion faite, j’ai l’esprit qui part beaucoup trop dans tout les sens pour être dans une école d’art mais je n’aurais pas été contre d’avoir un tel prof 😛 …
En tout cas merci encore grand chef pour ces éclaircissement
(euh juste une chetite question vraiment … 😕 😐 😳 , ton post précèdent sur les textures et supports me fait penser que tu n’as pas de tuto sur ta façon de peindre, est ce qu’il serait possible un jour quand tu auras le temps ( 😀 bon c’est déjà mort looool) de nous en proposer un 😳 … Merci d’avance
Oui… De la chance…
Malheureusement je m’arrangeais toujours pour m’assoir à côté d’une trop jolie fille en cours de BD…
Du coup je n’étais pas super concentré 😳 (désolé Vincent 😀 )
Mais bon, voyez, après 7 ans je me souviens quand même de quelques conseils importants 😛
Tu te souviens d’avantage de la trop jolie fille apparemment 😀 😆
encore moi 😳 😳 😳 😳 😳
http://www.vincentdutrait.com/…../disciple/
Ce lien me penser que j’ai encore une toute petite mini rikiki question à te poser grand chef, j’aimerai savoir en fait si tu connais un ou deux art martiaux qui pourrait aider à la dextérité du dessin (non parce que là! C’est un peu tard pour moi de se lancer dans le piano 😀 )
Le ping-pong ?
Mais arf !!! Bon encore faut-il que je trouve un club beh euh merci 😀 😀 😀 😀 😀
rohhhh mais y a que moi qui peut se faire shooter comme ça, non mais j’en rigole encore … 😀
Je demande ça mais est ce que c’est vraiment utile pour le dessins tout ce qui est piano, ping pong, escrime ou autre ?? Parce que bon je peut comprendre que la gestuel des mains puisse enregistré les mouvements d’une musique au piano mais est ce que ce n’est pas un peu des fausses idées le fait que ce genre de loisirs aide une dextérité plus importante dans le dessin?
(Excuse moi de rebondir sur le précèdent sujet que tu as mis en lien, mais je le trouve aussi très intéressant…)
Je rebondi sur l’anecdote de l’image de la hyène…qui fonctionne effectivement mieux dans l’autre sens… ça m’a rappelé mes cours de sémiologie qui par exemple expliquait (je raccourci biensûr) qu’une image avec un avion (ou une oie avec un Nils sur le dos 😆 ) volant vers la droite, on le lit comme un départ, genre “en route vers l’aventure”,c’est le sens de l’action , du temps à venir, de l’inconnu donc, alors que le même avion dans le même ciel mais volant vers la gauche, on le lit comme un “retour”, c’est le passé donc le “connu”, la sécurité, etc…
N’y a t’il pas un élément de réponse là dedans :l’homme l’hyenne à gauche parait être l’agresseur là ou lorsqu’il est à droite il parait être l’agressé, et inversement pour le perso “bondissant” qui suggère le héros (donc le perso, donc l’acheteur potentiel) ..l’image ne raconte pas la même histoire car le sens de l’action (vers la droite) est différent par simple miroir de l’image. Et éventuellement il est peut être plus flatteur de mettre en action le héros auquel on va s’identifier dans l’image.
Est ce que je me trompe complètement ? et dans ce cas il y aurait une explication purement “technique”?.
Et du coup ma question : dans quelle mesure tu intègre ce genre de réflexion lorsque tu créé une image?
Merci 3.1415 pour cette réflexion et c’est tout à fait ça. Le b.a.-ba de la narration par l’image. Il n’y a donc pas d’explication technique et bien une réflexion derrière tout ça. Réflexion que je mène au quotidien, plutôt naturellement maintenant, le sens de lecture d’une image étant capital.
On peut même aller un peu plus loin avec une lecture et un cheminement de l’œil démarrant en haut à gauche pour finir en bas à droite. Comme je l’évoquais ici : http://www.vincentdutrait.com/.....-addendum/
En fait j’excluais dans ma question tout ce que j’estimais être de la “technique” de narration : construction, cadrages, cheminement de l’oeil, lignes de force, etc.. dont je n’ai aucun doute sur la reflexion, et je pensais plus a tout ce qui est signes et symboles qui influent sur le sens (la signification) même de l’histoire lue. Car après tout ça ne s’invente pas cette histoire d’interprétation culturelle du droite/gauche. Et je me demandais qu’elle était la part de maitrise (connaissance) et la part d’intuition (inconsciente).
Est ce que tu as éventuellement des ouvrages “incontournables” à conseiller sur tout ça??
(Désolé si tu l’as déjà fait par le passé)
Salut,
Pour essayer de répondre à 3.1415, je dirais que dans un 1er temps c’est la part d’intuition qui se met en place dans les 1ères compositions, puis vient s’ajouter la part de la maitrise qu’il prend avec le temps.
Faut ajouté tout de même que la personne sait dessiner/peindre à sa naissance et approfondit ses connaissances par une formation professionnelle.
Je dirais que dans le travail de Vincent actuellement il y a 85 à 90 % de maitrise du dessin, techniques et de la peinture, puis s’ajoute 10 à 15 % d’intuition. Car j’ai bien l’impression que tout est calculé.
Loup79
Oula… C’est sujet à controverse tout ça… Je ne me risquerais pas à l’affirmer…
ouhla non moi non plus !
on pourrait à la rigueur dire qu’on a une prédisposition, soit un gout pour le dessin. Mais pas que l’on sait dessiner, non non, ça s’apprend ! 😉
merci pour ces super astuces, toujours aussi miam ! 👿