• Accueil

  • Galerie

  • Facebook

  • Tutoriels

  • Archives

  • A propos

  • Contact

  • LinkedIn

  • Twitter

  • Credits

Tschak !, #3 : un donjon et un coup d’épée

Ecrit dans Crayonnés et N&B, Illustrations et réalisations, Réflexions, lu 6 086 fois avec 10 commentaires.
Marqué comme crayonnés, fantasy, illustration, tschak !, tutoriels.
Il arrive de plus en plus souvent que l'illustrateur doive accoucher de l'illustration de couverture d'un jeu ou d'un album illustré avant d'en attaquer pleinement la réalisation. Que ce soit pour rassurer, lancer le buzz ou garnir un catalogue. Je suis loin d'être convaincu que ce soit pertinent voire productif car l'illustrateur ne pourra alors pas profiter de toute l'expérience acquise pendant l'élaboration du jeu ou de l'album. Heureusement, ce ne fut pas le cas pour Tschak !
Ecrit le jeudi 13 octobre 2011, publié il y a 11 années.

Par les hasards du calendrier et des plannings chargés, nous nous sommes retrouvés avec Gameworks à réaliser Tschak ! dans l’ordre et presque d’une traite. J’entends par là que nous avons commencé par tester pas mal de pistes pour les cartes, le plateau et la couv. Des crayonnés, tests, recherches pour trouver une direction satisfaisante et définir l’esprit du jeu.

Ensuite j’ai pu commencer par les cartes, puis le plateau, pour finir par le visuel de couverture. C’est idéal. Tout simplement parce que pour les deux dernières illustrations, plateau et couv, j’avais pleinement en tête et en main le style et le caractère du jeu.

Donner de la vie aux pierres…

Au départ, il y avait dans l’air l’idée d’un plateau de jeu découpé, « punché », plus ou moins complexe. C’est-à-dire une coupe suivant précisément les bords et créneaux du donjon. Ceci afin d’avoir sur table un donjon avec un effet « 3D », de fausse perspective.

Malheureusement, à cause de soucis de timing et de fabrication, ce fut compliqué et nous sommes revenus un plateau rectangulaire de facture plus classique.

Je pense en fait que ce changement fut bénéfique. Certes on perd l’originalité du plateau à la forme découpée mais les quelques centimètres d’illustration gagnés autour du donjon sont loin d’être anodins.

A vrai dire, je craignais que le donjon, sans rien autour, manque de personnalité, de corps et de vie. Tout simplement car il lui manquait un environnement. Un décor qui aurait pu donner des indications de lieux (montagne, plaine, sous terre,..), d’atmosphère (chaud, froid, neigeux, venteux,…), de temporalité (journée ensoleillée, nuit étoilée,…).

En récupérant un peu de fond autour du donjon, cela m’a permis de situer le donjon et indiquer clairement à quel moment de la journée les aventuriers vont parcourir ses trois étages. Ainsi j’ai pu poursuivre la réflexion engagée plus tôt à propos de l’immersion des joueurs et de la petite histoire à raconter (par ici).

Le donjon s’élève sur trois niveaux avec toujours à gauche les salles avec les monstres et à droite celles aux trésors. Ici pas vraiment de références à tout va ou de travail particulier pour sortir du lot mais plutôt une envie d’aller à nouveau à l’essentiel avec un donjon très… donjon.

Et pas la peine d’ajouter de petits filets blancs ou d’indications de là où poser les cartes, il n’y a pas énormément de place et on peut difficilement se tromper.

Ce donjon est un support, le vecteur d’une ambiance qui rejoint le dos des cartes aventuriers (présentées ici précédemment) et je souhaitais qu’il « s’efface » derrière le jeu.

Et Tschak !

Pour l’illustration de couverture, en fin de compte, ce fut assez simple. Même si nous avons là aussi pas mal zigzagué, en passant par exemple par l’image de l’équipe d’aventuriers posant devant l’objectif avec les pieds sur la dépouille d’un dragon en guise de trophée, nous sommes vite revenus à quelque chose de plus simple et d’évident. La boîte n’est pas très grande et la surface couverte par l’image doit être hyper lisible et percutante. La lecture de la scène doit être instantanée.

Donc un de nos aventuriers, plutôt frêle, se frayant un chemin dans la salle au trésor protégée par le kraken. Mais croyant toucher au but, il n’a pas vu venir le dragon…

J’ai tout d’abord crayonné le personnage euphorique, tranchant à tout va. Mais ça ne collait pas vraiment à l’esprit du jeu où les plus faibles vont – plus que – certainement en prendre plein les dents.

J’ai repris le personnage dans ce sens, plus dans l’effort et bien que téméraire pour en arriver là, il n’a pas l’air super convaincu de l’issue de tout ceci. En passant, le jeu peut se révéler malicieux et retors car on peut facilement se retrouver avec un résultat de points négatif en fin de partie ! Ouch ! C’est la dure vie des écumeurs de donjons !

Hiérarchisation et séduction…

Pour que l’image soit facile à lire, j’ai placé le personnage bien au centre dans des teintes chaudes sur un fond bleu et froid. Les tentacules apportent du mouvement et le dragon est volontairement fondu en arrière-plan, pour la seconde lecture de l’image.

A propos des couleurs, pour attirer l’œil et transcrire l’esprit du jeu, j’ai mis le paquet sur un contraste entre des teintes jaunes, orangées, et le bleu de fond. On retrouve ainsi la gamme de couleurs mise en place dans le jeu, teintes du donjon, tonalités des trésors, etc.

J’ai ajouté un peu de rouge dans la doublure du vêtement de l’aventurier pour fragiliser sensiblement l’équilibre entre le jaune et le bleu. Les verts et roses des tentacules aident aussi à retrouver sur la couverture la diversité des couleurs des cartes monstres et aventuriers.

Comme pour Water Lily et Tikal 2, pour éviter la truelle photoshop et retrouver la même patine que sur les cartes et le donjon, j’ai dessiné et peint le titre aux crayons et pinceaux.

 

Le jeu s’inscrit dans une collection au format de boîte pratique et facile à transporter (aux côtés de Sobek et Jaipur). Donc pas bien grand pour que ça tienne dans le sac à dos. Et il faut qu’en boutique, sur les rayons, l’illustration soit bien lisible et attrayante.

Pour accentuer son effet, nous avons choisi un violet/rose soutenu et texturé pour la boîte. On évite l’écueil d’un packaging trop marqué ou étiqueté bêtement heroic-fantasy (ce qui rejoint les débuts du premier aperçu, ici, sur notre positionnement) et on retrouve ainsi l’esprit coloré et vivant du matériel de jeu. Petite parenthèse, c’est ce qui a été brillamment réussi sur les visuels de Smallworld et Smallworld Underground.

C’est ma troisième collaboration avec Gameworks et ma deuxième sur un jeu de Dominique Ehrhard. J’espère que ce ne sera pas la dernière car je suis particulièrement satisfait de ce que nous avons réalisé et enchanté par cette aventure qui sur le plan personnel dépasse maintenant la simple relation éditeur/illustrateur.

Au final, les joueurs auront un jeu de cartes 100% illustré, quasiment sans réutilisation ou redite. Nous nous sommes bien amusés et nous espérons que le jeu transmettra cet enthousiasme et notre passion du travail bien fait !

Bonus :

Et pourquoi « Tschak !» ?

Le prototype du jeu s’appelait « Donjon » et il fut un temps envisagé quelque chose autour des anneaux (les éléments qui rapportent le plus de points dans le jeu). Mais c’était toujours trop ancré heroic-fantasy et ce n’était pas évident d’être original, on a un peu tout vu dans ces univers. Je me demande même s’il n’existe pas un générateur de titre heroic-fantasy mélangeant dragons, shadow, dungeon, sword, fire, power, ring, curse, dark, night, etc.

Ensuite, Gameworks propose des jeux multilangues, un seul tirage avec à l’intérieur de la boîte les règles en plusieurs langues. Il faut donc un titre qui puisse s’internationaliser et fonctionner dans d’autres langues.

Et pour finir, à l’instar de Sobek et Jaipur, il faut un titre qui claque, facile à retenir et pour le coup fun, décalé et « familial ». Je trouve que Tschak ! fait sens en remplissant toutes ces conditions et comme on peut le lire sur les pubs qui circulent sur le net en ce moment : un jeu qui vous la coupe !

Mouarf.

  • Partagez cet article sur
  • Facebook
  • Twitter
  • Pinterest
  • Linkedin
  • Google+
  • Tumblr
  • Email
Article précédent
« Tschak !, #2 : monstres, trésors & co |
Article suivant
| SPIEL ’11 à Essen, me voilà ! »

10 commentaires.

  1. Coco, le jeudi 13 octobre 2011 à 16 h 58 min, a écrit :

    Coucou,

    Ah Vincent, toute cette technique est très intéressante bien que cela me dépasse un peu…
    Mais je suis ravie de voir (si je ne me trompe pas…) que tu réécris sur ton blogue et que tu transmettes autant d’enthousiame dans cet article.

    Comme tu l’as si bien dit, après la pluie…

    je t’embrasse fort.

  2. Vincent Dutrait, le jeudi 13 octobre 2011 à 17 h 06 min, a écrit :

    Mon blog c’est un peu mon jardin zen 😉

  3. Marco, le jeudi 13 octobre 2011 à 19 h 01 min, a écrit :

    Salut Vincent !

    Dans quels pays sera diffusé le jeu ? Nous sommes de grands joueurs, et ici c’est assez compliqué de dénicher des jeux originaux et bien foutus comme celui-ci…
    Bravo pour ce superbe boulot et pour recommencer à partager ton travail avec nous…

    Amicalement.

  4. Vincent Dutrait, le jeudi 13 octobre 2011 à 19 h 10 min, a écrit :

    Merci mais c’est où ici ?
    En tout cas, il serait certainement possible de le commander via Amazon.com ou .fr, ou directement sur le site Asmodée USA, etc…

  5. Pezito, le vendredi 14 octobre 2011 à 11 h 20 min, a écrit :

    Merci encore pour tes articles si détaillés, on en redemande ! C’est très intéressant de suivre tes réflexions (et celles de tes collaborateurs) sur l’élaboration de l’univers du jeu, comment avoir un style graphique cohérent et original, la manière dont interagissent les couleurs dans l’illustration de la boîte… On apprend toujours quelque chose. 🙂

    PS : Vivement que ce jeu sorte dans le commerce, j’ai vraiment envie de l’essayer !

  6. Marco, le vendredi 14 octobre 2011 à 18 h 06 min, a écrit :

    Ici, c’est le Mexique 🙂 Je suis Marc qui travaillait chez Rageot il y a quelques années… Je vais regarder sur leur site !

  7. Djib, le samedi 15 octobre 2011 à 17 h 08 min, a écrit :

    Bravo Vincent pour ton actualité ludique bien remplie en ce moment, et merci une nouvelle fois de prendre le temps d’expliquer tes démarches artistiques pour ces productions : pour un “débutant” comme moi dans ce secteur, c’est toujours particulièrement et positivement instructif !
    Peut-être à un de ces jours, du même côté du stand…
    Bonne continuation à toi !

  8. N'Karna, le mercredi 19 octobre 2011 à 19 h 34 min, a écrit :

    Franchement, je reste époustouflé par tout ce boulot. Ça doit être si gratifiant de voir le résultat final en vente.

  9. Vincent Dutrait, le mercredi 19 octobre 2011 à 21 h 12 min, a écrit :

    Merci et ça fait encore plus plaisir de voir du monde s’amuser avec ! 😀

  10. Pezito, le mardi 3 janvier 2012 à 0 h 36 min, a écrit :

    Je reviens commenter cet article pour livrer mes impressions de joueur, car on m’a offert “Tschak” à Noël. 🙂

    Nous sommes assez joueurs dans ma famille, et des jeux comme “Il était une fois” ou “Elixir” sont vite devenus classiques. “Tschak” m’intéressait, avec son univers heroic-fantasy + ses très chouettes illustrations + son principe de jeu simple et stratégique à la fois… Et ça s’est confirmé, depuis qu’on l’a testé à plusieurs reprises : c’est notre nouveau passe-temps favori ! ^^

    On a pu y jouer à 2, 3 ou 4 joueurs, et chaque configuration a son intérêt (4 étant le top et 3 un brin bancal). En tout cas ce sont des règles qui s’apprennent et se comprennent vite, tout en gardant certaines subtilités pour le long terme, des tactiques de jeu plus élaborées qu’il n’y paraît… On se laisse facilement tenter par une revanche puis une belle. Et l’avantage de ce principe “tournant” est qu’il adoucit l’amertume de s’être vu distribuer une main pas terrible ! Car chaque joueur se farcira un donjon avec cette main, et chacun s’en sortira plus ou moins bien.

    Je pense que le visuel est pour beaucoup dans la bonne ambiance de “Tschak”, aussi, avec son heroic-fantasy “typée” et parodique. Et puis les cartes comme le plateau de jeu sont esthétiques, tout simplement !

    Je songe actuellement à faire mes propres piécettes dorées, pour s’y croire encore un peu plus… 😛

Image au hasard


  •  


  • Lectures recommandées

    • L'angle Playmobil
    • Des difficultés du docu-fiction
    • Vectorisation et anticipation
    • Fitness graphique
    • Trucs et astuces
    • Pinceau magique

    Consulter les Catégories

    • Au jour le jour (103)
    • Crayonnés et N&B (91)
    • Culture (36)
    • Illustrations et réalisations (208)
    • Inspirations (35)
    • Réflexions (96)
    • Sur le net (36)
    • technique (76)

    Articles les plus lus

      • « Le livre et son vocabulaire »
        Lu 185 381 fois.
      • « Tutoriels »
        Lu 55 079 fois.
      • « Quatrième de couverture »
        Lu 53 830 fois.
      • « Augustus, conception et réalisation »
        Lu 49 550 fois.
      • « 2. Préparation du support »
        Lu 38 140 fois.
      • « 3. Réalisation »
        Lu 25 178 fois.
      • « L’enfant Océan »
        Lu 24 601 fois.
      • « Angus forever »
        Lu 24 417 fois.
      • « 1. Scanner de grandes illustrations »
        Lu 23 634 fois.
      • « 5. Le kimchi »
        Lu 23 384 fois.